Les alliances, les ralliements, les concessions et les séparations se font et se défont au gré des humeurs et des intérêts. La campagne dans son j+10 commence à faire peur. En sillonnant l'Algérie de long en large, les hommes politiques - et ceux qui les «gèrent», précision nécessaire pour certains candidats qui ne font pas dans l'autonomie - ont carrément tout fractionné sur leur chemin, et ce sont bien des milliers d'associations, de mouvements, d'organisations et de comités de soutien qui sont sollicités pour apporter plus de voix aux candidats. Si aujourd'hui, Benflis commence à prendre du poids, c'est par rapport à ses soutiens qui sont venus se greffer à la périphérie du noyau et surtout par rapport à ses réseaux de propagande, qui de jour en jour, démontrent leur efficacité. Après le soutien des cadres constantinois de l'ex-FIS, des anciens officiers de l'ALN, de la presse privée et de K-News, qui lacèrent le président «en boucle», Benflis grignote dans les sanctuaires traditionnels de Bouteflika. Ce dernier qui était hier à M'sila, garde le cap sur ses thèmes favoris qui ont démontré leur taux de réussite en 1999. «Je m'exprime au nom de l'ALN, autrement dit du FLN, qui est le parti du peuple algérien. je m'exprime également au nom du RND, qui est le fruit du FLN, et du MSP, parce que je suis musulman et que ce parti recommande le bien et met en garde contre le mal.» Voilà qui est clair et qui fait l'impasse sur l'ANP tout en désignant l'ALN, la filiation qu'il aime et qui a précédé l'existence de Lamari. Quand deux Ali se suivent, le second de met à l'infinitif. C'est ce qu'a compris Ali Fawzi Rebaïne en faisant un petit saut à Bordj Bou Arréridj, pour exprimer - encore - son animosité contre les harkis, les fils de harkis, les caïds et les bachagas, «qui sont revenus à la charge et à la prédation de l'Algérie». Pendant qu'Ali Rebaïne dissertait sur l'histoire, un autre Ali, Benflis sillonait de long en large quarte villes, Chlef, Aïn Defla, Khemis Miliana et..., dans un tohu-bohu qui commence sérieusement à agacer le clan présidentiel. Pour ceux qui misent tout sur Benflis, exubérant et triomphal, il faudrait quand même qu'ils mettent un bémol à leur prétention. Le danger, s'appelle Ahmed Ouyahia, un homme qui est une pièce maîtresse du système et qui ne se place jamais parmi les élèves recalés. La simple présence d'Ouyahia dans le cercle Boutef doit donner des sueurs froides au clan Benflis. Les meilleurs pronostiqueurs donnent Boutef partant, et un second tour qui réunira Benflis et Djaballah, avec, à la carte, une réconciliation de tous les Algériens après un départ précipité de Bouteflika, salué comme une nécessaire sentence. L'armée sortira grandie des actions menées par Bouteflika lui-même à son profit et tous les partis hostiles au président auront leur compte. C'est cela le pronostic des «spin doctors», ou pour le moins ceux qui ont la faiblesse de croire qu'ils en font partie. Avec une précision: ceux qui font semblant de travailler aujourd'hui pour le président sont, en fait, en train de le faire sortir intelligemment par la petite porte, mine de rien. Cependant, comme explication c'est d'une simplicité qui frise le simplisme. Trop d'inconnues échappent encore à ces bookmakers de troisième zone, et la vie politique ne se calcule pas sur des dates et des chiffres de statistiques très aléatoires. C'est ce que semble partager Djaballah, qui a fait, hier, un saut à Larbaâ, l'ancien fief de l'AIS-Centre. Ce petit village enclavé en contrebas de la Mitidja frémit encore au sentiment religieux et le leader du MRN ne peut laisser une telle opportunité s'échapper. Tout est affaire de soutien dans cette campagne. Qui soutien qui? Qui se démarque d'un tel candidat pour servir un autre? Un soutien est donné en contrepartie de quoi? On est même arrivé à voir une catégorie de gens qui, dans la même semaine, ont fait deux soutiens à deux candidats différents. Les alliances, les ralliements, les concessions et les séparations se font et se défont au gré des humeurs et des intérêts. Finalement, un soutien ça ne tient qu'à un fil. Toutes les femmes vous le diront.