L'Algérie est totalement dépendante des hydrocarbures, mais en misant plus sur le secteur agricole et sur les richesses qu'il recèle, elle peut réorienter son économie et assurer sa sécurité alimentaire... La sécurité alimentaire préoccupe de plus en plus les habitants de la planète, au point où de nombreux pays sont contraints de recourir aux importations pour pouvoir nourrir leurs populations. C'est le cas, notamment de l'Algérie dont l'économie est entièrement dépendante des exportations des hydrocarbures. En effet, malgré tous les programmes qu'elle a mis en place depuis l'indépendance pour booster le secteur agricole et le rendre plus performant, l'Algérie n'est pas encore parvenue à assurer sa sécurité alimentaire. Bien au contraire, on a l'impression qu'elle marche à reculons et que même dans les cultures qui avaient fait sa réputation, jadis, elle a régressé. Certes, la facture alimentaire a baissé de 9% en 2012 par rapport à l'année 2011, passant de 9,85 à 8,98 milliards de dollars, mais selon les prévisions des experts, elle devrait dépasser largement les 10 milliards de dollars en 2013. En raison de la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires sur le marché international, notamment le blé tendre et dur, l'orge et les légumes secs. Question. Pourquoi cette hausse record des importations de céréales du moment que les responsables du secteur affirment que l'Algérie est sécurisée en la matière? Lors de la conférence ayant pour thème «L'agronomie au coeur des défis de la production alimentaire», organisée la semaine dernière au Centre de presse du journal El Moudjahid, il a été beaucoup question de la sécurité alimentaire et son corollaire, la souveraineté nationale. Pour le secrétaire général de l'Union nationale des ingénieurs agronomes, M.Zane, cette question est plus que jamais d'actualité et le secteur de l'agriculture est tout indiqué, explique- t-il, pour suppléer les hydrocarbures et réduire notre dépendance sur le plan alimentaire. Comment nourrir les Algériens revêt, à ses yeux, une importance capitale, c'est pourquoi il plaide pour un véritable plan Marshall de l'agriculture pour l'aider à sortir des sentiers battus du bricolage. Faisant un état des lieux, il a indiqué que le secteur rencontre des résistances tenaces qui empêchent sa relance. Se référant aux 37.200 ingénieurs agronomes recensés, il a indiqué que «la plupart d'entre eux ont fui l'agriculture en raison du manque d'intérêt à leur égard.» Convaincu que ces ingénieurs peuvent beaucoup donner à l'agriculture, pour peu qu'on leur fasse confiance et fasse appel à leur connaissance, le conférencier appelle à une «conférence nationale qui réunira toute la famille agricole». Membre de l'Ugia, M.Kerrouche considère pour sa part, que l'agriculture vit une crise pluridimensionnelle et qu'il faudrait un véritable électrochoc pour la remettre sur les rails. Lui, aussi, considère que «les ingénieurs agronomes ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Pourtant, ceux-ci peuvent rendre d'innombrables services à l'agriculture qui a besoin de leur compétence pour se développer.» Abordant la question relative à la sécurité alimentaire, il a précisé que «c'est une affaire de souveraineté nationale et que l'Algérie a beaucoup investi dans le secteur agricole pour réduire sa dépendance alimentaire». Quant à Abdelmalek Serraï, expert international, le constat qu'il dresse est très amer. Selon lui, l'agriculture est prisonnière des lobbies locaux qui règnent en maîtres sur le secteur. Les accusant de crime contre l'agriculture, il a ajouté qu'ils nuisent beaucoup au secteur. «Il faut mettre un terme à cette spirale des importations qui consiste à acheter n'importe quoi et à n'importe quel prix.» Allant plus loin dans ses explications, il a précisé que «le recours aux importations pour approvisionner le marché algérien en denrées alimentaires qui peuvent être produites localement, est néfaste pour l'agriculture et crée, à la longue, plus de problèmes qu'il n'en résout». Revenant sur la tournée qu'il avait effectuée à l'intérieur du pays, il a révélé que «la vision des responsables a changé et que tous se mobilisent pour aider le secteur agricole». Depuis 2002, le gouvernement a fait de l'agriculture et de la sécurité alimentaire une priorité. Pour ce faire, il n'a pas hésité à éponger la dette des éleveurs pour les encourager à produire plus et mieux. Si les résultats tardent, c'est à cause des parasites qui ont infiltré le secteur lesquels s'opposent à tout changement qui risquerait de mettre en péril leurs intérêts.