Tous ceux que nous avons contactés sont décidés à aller voter. Même si la majorité des personnes que nous avons interrogées pensent que l'éventualité d'un scrutin, relativement crédible, existe réellement, elles ne sont pas moins convaincues du fait que l'élection n'apportera rien de nouveau. Pour bon nombre de citoyens constantinois, c'est la crédibilité de la classe politique qui pose un vrai problème. Pour appuyer cette attitude de méfiance, ils relèvent la présence d'opportunistes dans l'entourage des six candidats. Un fait remarquable apparaît toutefois. Tous ceux que nous avons contactés sont décidés à aller voter. A travers nos pérégrinations en ville, nous avons même eu l'impression que pour le scrutin d'aujourd'hui, la participation populaire pourra atteindre un niveau record. Considérée parfois avec une certaine exagération, comme une ville baromètre des pulsations politiques du pays, Constantine offre, sans le moindre doute, le cadre idéal pour une radioscopie avant l'heure. Parmi les personnes qui n'ont pas hésité à nous exprimer leur opinion, toutes ou presque ont insisté sur la continuité. Ce qui peut déjà nous donner une idée sur leur choix! Des employés de l'administration, du secteur public, ainsi que du secteur privé, femmes et hommes donnent la nette impression de refuser «l'aventure»! Un fonctionnaire dans une boîte internationale déclare sans hésitation «je vais voter pour la continuité.» Une femme cadre estime qu'«il est primordial de voter pour la stabilité». Un employé pense quant à lui, «qu'il y a de l'espoir pour un changement dans la continuité». En un mot, un réel sentiment d'espoir se dégage des discussions que nous avons eues avec les citoyens. Tous ont émis le voeu que le nouveau président pèse de tout son poids pour éradiquer la corruption, l'injustice et toutes les formes de passe-droits. Un retraité de l'ALN s'est montré carrément scandalisé au sujet de ce qu'il a appelé «la démocratie de l'insulte», mais il ne semble pas convaincu quant à un scrutin sans fraude. «Je vais voter, a-t-il dit, et je pense que ceux qui crient à la fraude n'ont qu'une seule intention : porter préjudice à la crédibilité du scrutin», a-t-il conclu. Une jeune informaticien, quant à lui, ne cache pas son scepticisme. «Je refuse d'aller voter, a-t-il déclaré, tout le système est corrompu et il n'y a pas de raison que ça change», a-t-il poursuivi. Il est à signaler que nombre de citoyens constantinois ont très mal réagi à la campagne électorale qu'ils qualifient de banale. Les échanges d'accusations entre candidats n'ont pas emballé tout le monde, à ce qu'il paraît. Il est probable que le forcing électoral d'un certain 16 novembre 1995 soit réédité.