Tout comme le PT, le parti dissous appelle à la tenue d'un congrès algérien pour la réconciliation nationale. Finalement, la direction de l'ex-FIS, n'a guère attendu pour rendre publique sa position vis-à-vis de la présidentielle du 8 avril 2004. Dans un communiqué, signé par Abassi Madani, Mourad Dhina, Abdelkader Boukhamkham, Ali Djeddi, Kamel Guemmazi, Omar Abdelkader et même Ali Benhadj, la direction de l'ex-FIS se garde bien de critiquer les résultats de ce scrutin, même si elle ne les encense pas non plus. Le communiqué, en effet, commence par rappeler la position qui avait été celle de ce parti dissous trois jours avant la date du vote. «Nous avions oeuvré, dans notre lettre ouverte au peuple algérien, laissé libre dans ses choix, signalé que ces élections ne disposaient pas des garanties de liberté, de justice, de sécurité et de surveillance nécessaires.» Le communiqué ajoutait que «la crise, née de l'interruption du processus électoral en janvier 1992, perdurait sans qu'aucune solution probante soit trouvée». Le communiqué, «magnanime», passe sur «le conflit né des résultats accordant l'écrasante majorité à Bouteflika, du fort taux d'abstention, du climat qui avait précédé ce scrutin et des importantes sommes d'argent dépensées dans le but d'arriver à cette finalité». Il se contente, simplement de relever, fort à propos, que «ce fort taux constituera un argument pour ou contre le président». Ce dernier, donc, que la direction de l'ex-FIS s'est toujours gardée de critiquer violemment, est attendu sur les actes avant toute autre déclaration d'importance. En matière d'attentes urgentes exprimées par le parti dissous, il convient de relever que l'une d'elles rejoint quasi intégralement celle du Parti des travailleurs, à savoir «la tenue d'un congrès national pour la réconciliation auquel prendront part toutes les parties, y compris les dirigeants du Front islamique du salut». Louisa Hanoune, dans l'ensemble de ses déclarations relatives au sujet, en appelait à la tenue d'un congrès national algérien auquel prendront part, sans exclusive, l'ensemble des acteurs capables d'aider au retour de la paix et à la résolution de la crise algérienne. Les dirigeants du parti dissous, de même que les responsables des différents corps de sécurité, n'en sont donc pas exclus. La secrétaire général du PT, qui avait été reçue par Bouteflika quelques mois avant la présidentielle, avait remis sur le tapis cette demande. Ainsi, et même si Bouteflika jouit d'un plébiscite qui le dispense d'en appeler à aucune consultation, pourrait s'y plier, comme l'indiquent certaines sources. Rien n'indique, toutefois, qu'une pareille démarche ait la moindre chance de réussir, partant du constat que des divergences trop profondes, quasi inconciliables, existent entre les acteurs, politiques ou autres, susceptibles d'être conviés à une pareille rencontre. Sur le chapelet des demandes, toujours, le communiqué enchaîne sur des revendications classiques au FIS dissous telles que «la levée de l'état d'urgence (au demeurant demandée par les observateurs européens en visite dans notre pays), la prise en charge des victimes de la tragédie nationale, le règlement du dossier des disparus, la réintégration des travailleurs licenciés à cause de leur engagement politique, la libération des détenus d'opinion, la levée des sanctions pesant sur Benhadj et (enfin), le retour des exilés».