Le secrétaire général du puissant syndicat Ugtt, principal médiateur de la crise, Houcine Abassi, avait annoncé jeudi soir qu'un compromis avait été trouvé à l'issue de nouvelles négociations. L'accord entre les principaux partis politiques tunisiens annoncé jeudi soir par le principal médiateur de la crise en cours depuis juillet était incertain hier matin, selon des responsables politiques, faute de compromis clair sur l'identité d'un Premier ministre indépendant. «Pour le moment, il n'y a pas de candidat officiel, mais une orientation vers un candidat qu'on va présenter aux autres partis», a déclaré à l'antenne de la radio Express FM, Ahmed Nejib Chebbi, un des chefs du parti Républicain d'opposition. Le secrétaire général du puissant syndicat UGTT, principal médiateur de la crise, Houcine Abassi, avait annoncé jeudi soir qu'un compromis avait été trouvé à l'issue de nouvelles négociations pour désigner un indépendant à même de former un cabinet apolitique. La réunion avait rassemblé les islamistes d'Ennahda, leurs alliés laïques d'Ettakatol et les 5 principales formations d'opposition. Une quinzaine d'autres partis doivent approuver leur choix selon les règles du «dialogue national», le nom donné aux négociations pour sortir la Tunisie d'une profonde impasse politique. Selon les médias tunisiens, les principaux partis s'étaient accordés sur Mustapha Filali, un ancien ministre du père de l'indépendance Habib Bourguiba, mais ce dernier a annoncé avoir refusé leur proposition après avoir laissé entendre un temps qu'il était prêt à accepter la mission. «Je ne me suis pas porté candidat, c'est eux qui m'ont (contacté). Je n'accepte pas cette mission (...) je la refuse en raison de mon âge et de l'ampleur des responsabilités et des problèmes», a dit cet homme de 92 ans à la radio Mosaïque FM. Le contenu de l'accord de jeudi devait être rendu public hier lors d'une réunion des participants au «dialogue national», mais l'heure et le lieu de la rencontre n'ont pas été annoncés. L'UGTT et les trois autres médiateurs de la crise -le patronat Utica, l'Ordre national des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l'Homme- ont donné jusqu'à samedi à la classe politique pour s'accorder sur un nouveau Premier ministre, faute de quoi ils annonceront l'échec définitif des négociations paralysées de facto depuis début novembre. Le compromis sur le futur Premier ministre est crucial pour sortir la Tunisie de l'impasse dans laquelle elle est plongée depuis l'assassinat en juillet d'un député de l'opposition, Mohamed Brahmi. Les islamistes d'Ennahda ont accepté de quitter le pouvoir à condition qu'en parallèle soit adoptée la future Constitution du pays, en cours d'élaboration depuis deux ans, et que le calendrier des futures élections soit fixé. L'opposition insiste pour sa part sur la désignation d'une personnalité indépendante devant former un cabinet apolitique avant de voter la future loi fondamentale. Cette profonde impasse a aussi nourri l'anémie de l'économie et le pays est aussi déstabilisé par l'essor depuis la révolution de janvier 2011 d'une mouvance jihadiste armée.