Journée d'enfer hier en Irak avec une soudaine recrudescence de la violence, occasionnant plus d'une centaine de morts à Bassorah, Falloujah et à Kirkouk. La situation s'est soudainement détériorée en Irak où les combats ont repris à Falloujah, occasionnant la mort de 17 Irakiens, au moment où chacun estimait que l'accord réalisé lundi constituait un grand pas vers le retour au calme. Quatre Irakiens ont également été tués à Kirkouk, au Kurdistan, mais c'est le sanglant attentat à Bassorah, près de 70 morts, contre les forces de la police irakienne, qui a accentué la tragédie que vivent les Irakiens. Des centaines de blessés ont été dénombrés hier dans les différentes attaques ou confrontations recensées dans le pays. Mardi, ce sont 22 prisonniers irakiens qui ont péri lors d'une attaque à la roquette contre la prison d'Abou Gharib, près de Bagdad, alors qu'il a été relevé une centaine de blessés. Ainsi, contrairement aux affirmations des autorités américaines, loin de revenir à la normale, la situation semble au contraire se détériorer au fil des jours, l'insurrection semblant gagner le Sud alors que la résistance est de mieux en mieux organisée. Aussi, au moment où les conditions sécuritaires en Irak s'étiolent, la coalition internationale continue-t-elle de se désagréger après l'annonce faite hier du retrait des soldats de la République dominicaine, lequel retrait vient après celui du Nicaragua, (en février) de l'Espagne et du Honduras en début de cette semaine. Des pays hispaniques ne subsistent plus que le Salvador qui a réitéré hier que ses troupes resteront en Irak. Maigre consolation pour les Etats-Unis, qui voient avec inquiétude la coalition s'éroder ce qui met quelque peu en porte-à-faux les affirmations de la Maison-Blanche selon lesquelles «La coalition en Irak est forte». Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell assure de son côté avoir obtenu «des engagements de solidarité» de «tous» les autres membres de la coalition, mais jusqu'à quand les pays dont les soldats se font tuer en Irak, accepteront-ils cette situation plus longtemps? De fait, mieux organisée, plus efficace, la résistance irakienne semble aujourd'hui être passée à une phase nouvelle de la lutte contre l'occupation. La concordance des attentats dans plusieurs villes et régions d'Irak, en témoigne comme le montrent les attentats d'hier. Les cinq attentats sanglants à la voiture piégée qui ont ciblé des postes de police à Bassorah ont, selon le bilan établi hier, causé la mort de 68 personnes, des policiers, - mais aussi des écoliers scolarisés dans les environs du poste de police visé - alors que l'on comptait une centaine de blessés, chiffre de toute évidence provisoire. De fait, les capacités de riposte du front anti-coalition ne lassent pas d'inquiéter autorités politiques américaines et experts. Ces derniers estiment que la résistance est «bien plus structurée en Irak à présent que ce que sait le public» comme l'estime un expert britannique. Qualifiant de «profondément tragique» ce qui s'est passé hier, un de ses collègues a déclaré que «cela pourrait indiquer que la guérilla s'étend pour inclure le secteur britannique (le Sud dont Bassorah est la métropole)». Un troisième affirme que la détérioration de la situation en Irak, «(...) rend nécessaire et urgent de revoir le rôle potentiel de la communauté internationale pour aider la transition vers un système plus stable en Irak». En fait, c'est seulement une fois acculés que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont redécouvert la communauté internationale et l'apport inestimable que pourrait être l'aide des Nations unies.