Belkhadem rencontre aujourd'hui les coordonnateurs de wilayas. Au rythme où vont désormais les choses, tout porte à croire que la réunion que projette de tenir ce matin Abdelaziz Belkhadem, coordonnateur national du mouvement de redressement du FLN, s'annonce décisive à plus d'un titre. C'est, en tout cas l'avis de sources proches de ce mouvement qui qualifient cette étape de «période très sensible» pour le parti. La cause en est toute simple. Les responsables du mouvement, qui en sont les fondateurs et les chevilles ouvrières, se trouvent à présent quelque peu débordés à cause de l'arrivée en masse de «repentis» de la vingt-cinquième heure. Nos sources, visiblement dépitées par la tournure que prennent les évènements, ajoutent préférer «avoir affaire à des ennemis qu'à des opportunistes, qui savent tenir un discours conciliant et empressé histoire d'accaparer les meilleures places et, partant, les futurs postes à pourvoir». Le moins que l'on puisse dire, donc, c'est que le mouvement de redressement, qui était homogène et déterminé jusque-là, aura à régler sa propre «crise existentielle» et à gérer les conflits d'intérêts et de leaderships nés en son sein avant de pouvoir entreprendre quoi que ce soit en direction de la fameuse direction transitoire mise en place en marge de la démission de Benflis, lors de la convocation du comité central issu du 7e congrès de ce parti. Autant dire, dès lors, que le fameux ultimatum adressé par les redresseurs à Abdelkrim Abada et ses pairs restera sans écho d'ici-là. Sans aller jusqu'à supposer que les «héritiers» de Benflis jouent sur du velours, beaucoup d'observateurs estiment qu'ils ont toutes les chances de profiter de cette conjoncture favorable et inespérée pour sauver une bonne partie de leurs meubles, d'autant que la plupart d'entre eux sont rompus aux pratiques du sérail, aux jeux de coulisses et aux tractations de la dernière heure qui accompagnent toutes les rencontres organiques du plus vieux parti du pays. Un aperçu de cette situation nous en est fourni, du reste, au niveau de l'APN. Le responsable du groupe parlementaire du FLN, version redresseurs, qui a pris cette «fonction» au lendemain du fameux congrès d'étape, a longtemps couru pour créer une vague de fronde sans précédent contre Karim Younès. Ce dernier, qui a mené campagne en faveur de Benflis, fait partie de la liste des personnes ne devant pas occuper de postes importants au sein du FLN «redressé» ou «réconcilié» avec lui-même, pour ne pas dire avec le pouvoir. C'est, du moins, ce qui ressort des cinq conditions posées à Abada et ses hommes. Or, tout porte à croire qu'il n'en sera rien. Du moins dans le moyen terme, c'est-à-dire d'ici à la clôture de cette session de printemps, durant laquelle le test décisif qui sauvera ou pas le mandat de cette assemblée se jouera lors de l'adoption du programme d'Ahmed Ouyahia. Mais, pour revenir à la rencontre d'aujourd'hui, il faut dire que si elle est qualifiée de décisive, c'est précisément parce qu'elle a été «imposée» par les «déçus» du mouvement qui, après y avoir beaucoup sacrifié, se retrouvent débordés par des éléments qui, logiquement, ne devraient rien y faire. Ces militants de la première heure, initiateurs du mouvement de redressement, comptent beaucoup sur la présence des coordonnateurs locaux, imprégnés des réalités du terrain, pour infléchir la ligne, jugée trop «diplomatique» de Belkhadem vis-à-vis de ses anciens adversaires, ainsi que des nouveaux venus dans le mouvement. Ce n'est qu'à la suite de cette rencontre, qui s'ouvre ce matin au Moncada d'Alger que nous saurons quelle sera la composition de la délégation qui ira de nouveau à la rencontre d'Abada et de ses pairs, mais aussi qu'elle sera sa démarche future, notamment en matière de préparation du congrès dit du «rassemblement», mais aussi du sort qui sera réservé à tous les cadres et élus qui s'étaient illustrés par leur soutien indéfectible à Benflis et leurs attaques vitriolées contre l'ancien président-candidat Bouteflika.