Chômage, drogue, délinquance, visa, injustice, divorce...sont autant de thèmes qui composent les chansons de ces rappeurs algériens, qui malgré leurs talents, rencontrent des obstacles à commencer par l'anonymat. Les groupes comme Hamma Boys, Intik ou encore MBS, doivent leur succès aux portes qui leur ont été ouvertes dans l'Hexagone. Là, ils ont trouvé des gens spécialisés dans cette musique qui leur ont tracé le chemin et ce, en leur offrant les conditions nécessaires, mais un soutien de la part des autres groupes. Par ailleurs, les propositions qui leur ont été faites par les distributeurs et les promoteurs ont commencé à pleuvoir dès leur arrivée à Paris ou à Marseille, deux villes où le rap a trouvé sa place. Ainsi, ne dit-on pas que nul n'est prophète dans son pays, c'est le cas des rappeurs algériens partis tenter leur chance en France ou ailleurs. Selon les chiffres donnés par l'Office national des droits d'auteurs (Onda), plus de 200 groupes existent en Algérie. En réalité, ils sont beaucoup plus nombreux. D'ailleurs, une simple virée à Alger nous renseigne sur l'expansion de cette musique parmi les masses juvéniles. A l'esplanade de la Grande-Poste, les jeunes ne font que ça, cela commence par les danses venues d'ailleurs. Cependant, les rappeurs algériens en souffrent énormément. En effet, le manque de moyens, notamment d'un local où ils auront à répéter et un studio d'enregistrement hormis l'Union Artistes et Casbah Rap qui en possèdent. La quasi-inexistence de scènes où se produire afin d'assouvir et de calmer la soif de centaines, voire de milliers de fans qui sont tombés sous le charme de ce style musical venu du Nouveau continent, se fait sentir. Car cette musique a vu sa naissance parmi les populations black qui l'utilisent pour exprimer la marginalisation et la discrimination dont ils sont victimes, mais aussi pour raconter au monde, la rage qui les habite. Chez nous, c'est presque pareil. En effet, ces jeunes souffrent d'un mal plus grave que celui des Black, le chômage qui ne dit pas son nom, un avenir incertain, mais il ne faut surtout pas oublier un phénomène de taille qui touche les masses juvéniles et qui est la drogue sous toutes ses formes. Ce sont ces thèmes bien «chauds» que l'on retrouve dans leurs chansons. Autrement dit, c'est leur source d'inspiration. D'ailleurs, c'est grâce à ce genre de sujets que beaucoup de groupes de rap algériens sont établis à l'étranger. Et l'exemple du groupe City 16 repéré en 2001 par Michel Lévy, qui est aussi producteur de la coqueluche du raï, en l'occurrence Cheb Mami, a lancé son dernier album intitulé El Adyan (les ennemis), chez EMI.