Abderrezak Makri, leader du MSP Ces formations politiques qui disposent d'un réservoir de plusieurs millions de voix qui pourront peser très lourd risquent de faire défaut le jour du scrutin. En théorie, le vote islamiste sera une des clés de la course au fauteuil du Palais d'El Mouradia. En plus de disposer de leaders charismatiques qui se sont affirmés comme de redoutables tribuns, le Mouvement de la société pour la paix, le Front de la justice et du développement (El-Adala) et Ennahda qui ont appelé leurs partisans à boycotter l'élection présidentielle disposent d'un réservoir de plusieurs millions de voix qui pourront peser très lourd et risquent de faire défaut le jour du scrutin. Les statistiques plaident en tous les cas pour eux et pour cette thèse. Lors de l'élection présidentielle de 1995 dont est sorti vainqueur Liamine Zeroual, le MSP représenté par son chef historique le défunt Mahfoud Nahnah est arrivé en seconde position avec 25% des suffrages exprimés. Soit quelque 3 millions de voix. Son successeur Bouguerra Soltani a maintenu pendant des années son parti au troisième rang des forces politiques et s'est affirmé comme un allié incontournable de la défunte Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui a volé en éclats à l'approche des élections législatives de 2012.Un scrutin qui a signé sa fin à la tête du Mouvement de la société pour la paix qui a intronisé un autre «jeune loup» de la scène politique. Le MSP a en effet refait peau neuve en portant à sa tête Abderrezak Makri, un tribun hors pair tenant d'une stratégie plus radicale qui doit redorer une image bien ternie de son parti pour repartir à la conquête du pouvoir. Une épreuve de longue haleine, que le parti de feu Mahfoud Nahnah a tenté de surmonter en participant aux gouvernements qui se sont succédé depuis l'élection présidentielle de 1999 jusqu'aux élections de 2012. Un rendez-vous électoral qui s'est soldé par une défaite qui est restée en travers de la gorge de l'ex-président du MSP qui voulait faire de cette date un événement historique. L'ex-patron du Mouvement de la société pour la paix caressait un rêve. Lequel? «Vous savez, cette année-là (2012, Ndlr) coïncidera avec le 50e anniversaire de l'Indépendance du pays. Nous avons toujours prédit qu'il nous faut au moins un demi-siècle afin que la génération qui a libéré le pays transmette le flambeau à la génération de l'Indépendance. Nous représentons justement cette génération et ses préoccupations futures», avait confié Bouguerra Soltani, le 29 août 2009, dans une interview accordée au quotidien arabophone Asharq el Awsat. Un rêve brisé vers lequel lorgne son successeur en opérant un virage à 180 degrés. Il s'est installé dans l'opposition. Son appel au boycott de l'élection présidentielle d'avril 2014 revêtira une valeur de test. Abdallah Djaballah, l'autre trublion qui s'est joint à cette position, en plus de posséder autant d'arguments fera faire valoir son expérience de ce type de joutes électorales. Il s'est présenté à deux reprises à la course à la magistrature suprême en 1999 (il s'y était retiré) et en 2004 où il s'est classé en 3ème position (derrière Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis Ndlr) avec 5% des voix. Sa performance qui doit être prise en référence pour évaluer la force de ce poids lourd de la scène politique nationale réside dans son éclatant succès de l'élection législative de 2002 où il avait fait d'Ennahda, son ex-parti d'où il fût chassé, la 3ème force politique du pays avec pas moins de 43 sièges talonnant de près le RND (47 sièges) d'un certain Ahmed Ouyahia. Autant de suffrages qui vont faire défaut cette fois-ci. Pour favoriser quel candidat? Verdict le 17 avril.