Au moment où la coalition présentait au Conseil de sécurité un projet de résolution sur l'Irak, le discours du président américain a été peu convaincant. Quelques heures avant le discours du président Bush à Washington, à New York, les représentants des deux puissances occupantes de l'Irak, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont présenté au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur l'Irak prévoyant, notamment, la fin de l'occupation de ce pays le 30 juin prochain. Autant le discours de George W.Bush faisait l'impasse sur les erreurs et décisions contre-productives prises en Irak ces derniers mois par la coalition américano-britannique, autant le projet de résolution reste en deçà des attentes, singulièrement des Irakiens, quant à une vraie fin de l'occupation. Et le maintien, annoncé par M.Bush, des troupes américaines en Irak dans leur effectif actuel, (138.000 hommes), après le transfert de souveraineté aux Irakiens, est loin de signifier un désengagement (réel) annoncé des puissances occupantes américaine et britannique. De fait, dans une première réaction, l'actuel président du Conseil transitoire irakien, Ghazi Ajil Al-Yaouar, n'a pas caché sa déception indiquant : «C'est moins que ce à quoi nous aspirions. Nous espérons, parce que c'est un projet, que la résolution prendra en compte les avis du Conseil de gouvernement». Un conseil de transition qui, selon la logique du transfert de souveraineté, doit céder la place au futur gouvernement intérimaire qui aura la difficile responsabilité de construire les institutions du futur Irak démocratique. De fait, le projet américano-britannique, qui ouvre la voie à différentes interprétations, doit, sous tous ses aspects, être amélioré pour, à tout le moins, être représentatif tant des aspirations irakiennes que de celles de la communauté internationale et non pas, comme c'est le cas actuellement, la vision, essentiellement, américaine du devenir futur de l'Irak. En réalité, le président George W.Bush, qui se trouve présentement dans une situation aléatoire dans la course à la Maison-Blanche, il est dépassé dans tous les sondages par son concurrent démocrate, John Kerry, essaie surtout de gagner du temps jusqu'aux élections du 2 novembre, car à part ce qui pourrait se passer d'ici au 30 juin, le président américain est demeuré très vague sur la suite du programme et la prise en charge de l'ensemble des problèmes post-occupation qui vont se présenter au futur gouvernement intérimaire irakien. En fait, le discours de lundi du président Bush et la déposition, quelque peu précipitée, du projet de résolution sur l'Irak, qui a contraint le Conseil de sécurité à chambouler son programme pour caser le débat autour de ce texte, sont autant de contre-feux ouverts par George W.Bush, pour essayer de stopper sa glissade dans l'opinion américaine, sa popularité étant aujourd'hui, au plus bas. De fait, si les élections étaient organisées aujourd'hui, le président Bush se verrait battre par le démocrate John Kerry. Aussi, le propos de M.Bush et le dépôt, concomitant, du projet de résolution, sont connotés comme étant destinés, avant tout, à freiner l'érosion que connaît l'administration républicaine, car le programme Bush-Blair (projet de résolution) sur l'Irak n'a en réalité convaincu personne, notamment les grandes puissances comme la France et la Russie, assez sceptiques en vérité, Paris demandant «l'amélioration» du projet pour le rendre crédible, alors que Moscou estime que le plan américano-britannique soulève plus de questions qu'il n'offre de réponses. Et l'annonce faite par M.Bush de la destruction de la prison d'Abou Ghraib par laquelle le scandale est arrivé, en donnant à voir à la communauté internationale l'oeuvre «libératrice» des GI's et marines américains en Irak, est par trop opportune pour faire oublier l'absence de stratégie pour sortir ce pays de la crise, ni les échecs et les erreurs répétés dans la conduite de l'occupation.