Il y a dans notre football des clubs qui obtiennent de sacrés privilèges. Noureddine Saâdi serait, paraît-il, contre le fait que les demi-finales de la coupe d'Algérie soient programmées pour le 10 juin prochain. «Il s'agit de mettre tous les clubs sur un pied d'égalité», déclare celui qui va prendre en main le staff technique de l'USMA. «Il n'est pas normal que les clubs de la D1 se mettent en vacances le 24 mai alors que les demi-finalistes de la coupe restent sous pression et continuent à s'entraîner». Convenons que la FAF a dérapé en faisant traîner en longueur la compétition de la coupe mais il est bon de rappeler à Sâadi que s'il y a du retard dans le calendrier des compétitions algériennes de football, c'est en raison, essentiellement des matches internationaux de certains de nos clubs parmi lesquels l'USMA. En outre, nous n'avons pas l'impression que la FAF et la LNF mettent sur un pied d'égalité les clubs engagés dans des compétitions internationales avec les autres clubs. Quand on reporte un match de l'USMA (ou de la JSK, ou du NAHD,etc.) pour qu'elle puisse avoir assez de jours de récupération pour disputer un match de coupe d'Afrique ou de coupe arabe, on ne demande pas l'avis de son adversaire en championnat. Celui-ci doit s'exécuter au nom de la prétendue défense des couleurs nationales. On a pour habitude de dire que la liberté individuelle s'arrête là où commence celle d'autrui, en football les privilèges des clubs nantis débordent sur les intérêts de tous les autres clubs. Cela est un fait avéré et notre ami Sâadi devrait être le premier à l'admettre. Passons, maintenant, au cas de Salim Aribi, le joueur de l'USMA convoqué en équipe nationale et empêché, au départ, d'aller au Ghana avec son club pour disputer un match de coupe d'Afrique (finalement Robert Waseige a décidé de le laisser à la disposition de son club). La saison dernière, la FAF avait fait savoir aux clubs que la priorité allait être donnée à l'équipe nationale. En la circonstance, elle faisait référence à un problème de calendrier. Cette même annonce, elle l'a réitérée à l'occasion de la dernière réunion du bureau fédéral. Deux jours plus tard, on a appris que Aribi, au nom de la priorité accordée à l'équipe nationale, resterait en Algérie au moment où ses camarades de l'USMA affronteront les Ghanéens de l'Asante Kotoko en match retour de la Ligue des champions d'Afrique. Convenons, également, ici que la FAF avait fait le mauvais choix en retenant un joueur pour disputer un match amical alors que son club devait jouer un match officiel. Maintenant pour revenir au fameux «pied d'égalité» dont parlait Saâdi, on indiquera qu'il y a eu des clubs qui ont été complètement laminés cette saison et qui n'ont jamais fait part de leur colère. Effectivement, le RC Kouba et la JSM Béjaïa sont appelés à descendre en division 2 à cause de leurs mauvais résultats, peut-être, mais aussi parce qu'ils ont disputé, environ, six matches sans leurs internationaux espoirs. L'USM Annaba, qui était dans le même cas que ces deux clubs, a bien failli, elle aussi, les rejoindre dans le chariot de la descente. Alors, ces clubs ont-ils été placés sur un «pied d'égalité» avec les autres, notamment avec l'USMA qui se plaint qu'on lui a enlevé, une seule fois, un de ses joueurs? Il fut un temps (dans les années 80) où les clubs étaient obligés de jouer sans leurs internationaux. Le NAHD, par exemple, avait disputé et perdu (contre la DNC) une finale de coupe d'Algérie sans Madjer, Guendouz et Merzekane (excusez du peu) qui se trouvaient au même moment en Espagne en train de disputer la coupe du monde avec l'équipe nationale. L'équipe de la DNC, pour sa part, avait dû dégringoler en division 2 parce qu'elle avait disputé trop de matches sans ses internationaux. A l'époque, on disait que les clubs, étant pris en charge par l'Etat n'avaient pas le droit de rouspéter. La situation a-t-elle changé aujourd'hui? Absolument pas. Les clubs ne cessent de dire qu'ils investissent de l'argent mais ils omettent de préciser que cet argent, c'est l'Etat qui le leur fournit dans sa totalité. Et qu'on ne vienne pas nous parler des sponsors car l'argent versé par ces derniers est une partie de celui qu'ils doivent aux impôts. Ce n'est, ni plus ni moins, qu'une autre aide, indirecte celle-là, de l'Etat. En contrepartie, cet Etat-là, qui nourrit le joueur, le prend en charge, lui permet de s'entraîner, peut lui demander de revêtir le maillot national. C'est aussi simple que cela. Le «pied d'égalité» on pourra en parler lorsque nos dirigeants de clubs et leurs entraîneurs sauront ce qu'est un championnat régulier, c'est-à-dire lorsqu'ils apprendront à être professionnels en prouvant qu'ils émargent chez les impôts, que leurs joueurs sont couverts par la sécurité sociale et qu'ils se soumettent à leurs déclarations fiscales et lorsqu'ils apprendront à ne pas demander, abusivement, des privilèges. Et en matière de privilèges accordés à certains clubs (ils ne sont pas plus que trois ou quatre), on en connaît un bon bout sur ces dix dernières années. On aura, peut-être, l'occasion un jour d'en dévoiler quelques-uns et de raconter, par exemple, comment un club avait privilégié ses intérêts avant ceux de l'équipe nationale qui préparait un match de qualification à la coupe du monde, un match qu'elle avait fini par perdre.