L'attitude des pays de l'Otan a certainement pesé dans la décision algérienne. L'important contrat d'armement conclu avec la Russie a de quoi étonner les observateurs. Le caractère exclusif de cette acquisition contredit le principe de la diversification des sources d'approvisionnement aux fins de ne pas être dépendant d'un Etat quel qu'il soit. Cette acquisition intervient au moment où l'Algérie entretient des relations de plus en plus étroites avec l'Otan. En effet, alors qu'on s'attendait à des signatures de gros contrats d'armement avec les pays membres de l'Organisation de l'alliance atlantique, les autorités algériennes surprennent tout le monde en optant, de manière quasi exclusive, pour un matériel russe, dans un domaine très stratégique qu'est l'aviation militaire. La maîtrise qu'ont les ingénieurs et autres pilotes militaires algériens du matériel russe, justifie sans doute en grande partie le choix des autorités centrales, mais demeure insuffisante pour expliquer cette tendance à privilégier un seul partenaire dans un domaine aussi stratégique que celui de l'armement. En l'absence de communication de la part de l'ANP, on est amené à se poser des questions sur cette transaction, première du genre pour l'Algérie par son ampleur. Parmi les éléments de réponse susceptibles d'être avancés pour expliquer un tant soit peu la décision algérienne, l'embargo imposé par les pays occidentaux sur la vente d'armes à l'Algérie viendrait en tête. En effet, durant toute la décennie noire, les Américains et autres Français ont refusé, faut-il le rappeler, d'approvisionner l'Algérie en armes de guerre. Un officiel a révélé à l'Expression, qu'à un moment, les autorités peinaient pour avoir de simples munitions. Jusqu'à récemment d'ailleurs, certaines déclarations de responsables US continuent d'étonner, notamment celles faites par W. Burns qui avait écarté toutes transactions d'armement avec l'Algérie. L'attitude des pays de l'Otan qui soufflaient le chaud et le froid, concernant ce sujet précisément, a certainement pesé dans la décision algérienne de confier son aviation au groupe russe Mig. Cela dit, l'important contrat algéro-russe aura, sans aucun doute, des répercussions certaines dans le comportement des partenaires occidentaux de l'Algérie qui devront, d'une manière ou d'une autre, se rendre à l'évidence et adopter une nouvelle attitude vis-à-vis d'une nation qui, non seulement sort la tête de l'eau, mais aspire à construire une armée moderne dans tous les sens du terme. La coopération avec l'Otan, actuellement technique, est donc appelée à évoluer, à la lumière de cette récente acquisition. D'un autre côté, il est attendu de la part du voisin marocain une réaction épidermique. Mais celle-ci ne saurait être convaincante, estiment les observateurs, tant la place de l'Algérie dans la région est jugée stratégique par l'ensemble de ses partenaires.