Le Front national de Marine Le Pen triomphe aux élections et crée la sensation en devenant le premier parti de l'Hexagone La communauté algérienne établie en France, qui est particulièrement ciblée par les propos et actes xénophobes, sera davantage vulnérable avec cette victoire de l'extrême droite. Les espoirs des Algériens, marocains Tunisiens Africains... se sont brisés sur la vague bleu marine. Le nom des Le Pen est étroitement associé au Front national. A la guerre d'Algérie et à la torture, mais aussi à la haine des immigrés en général et des Maghrébins en particulier. Sa présidente Marine Le Pen a déjà annoncé la couleur. Il s'agit d'un vote d'«adhésion» et les Français auraient voté pour «un protectionnisme intelligent, l'arrêt de l'immigration, la maîtrise des frontières, le patriotisme économique et pour ne pas être dirigés par des commissaires illégitimes et non élus» a-t-elle déclaré juste avant la proclamation officielle des résultats qui donnait son parti en tête avec près de 25% des voix. Ce qui représente 23 à 25 députés à Strasbourg. Ce qui lui donne des ailes pour 2017 (élection présidentielle). Le Premier ministre français en mesure déjà les conséquences.«Le moment que nous vivons est un moment grave, très grave pour la France et pour l'Europe. (...) Nous sommes dans une crise de confiance. L'Europe a déçu, c'est un fait. (...) Il appartiendra très vite aux institutions européennes de vous répondre. Ce scrutin est plus qu'une nouvelle alerte, c'est un choc, un séisme», a lancé Manuel Valls pratiquement assommé par un tel verdict. «J'en appelle à un véritable sursaut républicain», a-t-il ajouté. Le FN a le vent en poupe. Il a tenu la dragée haute à l'UMP (Union pour un Mouvement Populaire au pouvoir jusqu'en 2012) sur les thèmes de l'immigration et de l'insécurité. Un amalgame sciemment entretenu par la droite républicaine pour des objectifs purement électoraux. 2012 devait marquer un autre tournant. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy terminé, tous les espoirs se sont reportés sur François Hollande qui venait d'être porté à l'Elysée pour faire tomber tous ces clichés qui ont fait de l'immigré un bouc émissaire. Ils ont donné naissance à des débats honteux orchestrés par la droite classique, sans relâche, pour draguer les voix d'un électorat xénophobe à travers lesquelles se sont forgés des préjugés qui ont fait la part belle à la stigmatisation et aux thèses racistes. Celui sur les mosquées qui a été exacerbé avec le référendum suisse sur l'interdiction des minarets, celui sur l'identité nationale, la laïcité... qui ont abouti à la stigmatisation d'une communauté musulmane. «Les différents débats sur le halal, les minarets, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France», avait fait remarquer, indigné, vers la mi-juillet 2012, le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri. «En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd ́hui il y en a entre 5 et 10 millions... Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. Il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens...», avait déclaré, le 4 avril 2011, Claude Guéant, en marge d ́un déplacement à Nantes (Loire-Atlantique) et à la veille d'un débat sur la laïcité, très controversé. Il y a eu aussi l'affaire des tests ADN qui devaient être imposés pour les étrangers candidats au regroupement familial auxquels a dû finalement renoncer le gouvernement de Nicolas Sarkozy. «Cette disposition avait suscité une émotion très palpable qui a nui malheureusement à l ́image de la France à l ́étranger» avait reconnu, au mois de septembre 2009, le ministre de l ́Immigration, Eric Besson. Vint le tour du bras d'honneur de l'ex-ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, adressé à l'Algérie. Une preuve que la «gangrène» avait atteint le coeur des institutions françaises. Les efforts du chef de l'Etat français, François Hollande, qui était décidé à rétablir l'image d'une France, autrefois généreuse, patrie des droits de l'homme, incarnant les vraies valeurs de la République se sont heurtés à une farouche résistance de la part de ceux qui ont cultivé la préférence nationale et une certaine idée éculée de l'identité française basée sur le concept de race. Sans succès. Une porte ouverte pour Marine Le Pen. Elle tentera de leur porter le coup de grâce.