Une vue de la conférence Tous les réquisitoires faits par les intervenants convergent vers le même accusé: le régime politique qui est, selon eux, la source de la crise que vit le pays. Annoncé en grande pompe et à coups de déclarations dans la presse par les islamistes, Ali Benhadj n'a finalement pas assisté à la conférence nationale pour la transition démocratique qui s'est déroulée, hier soir, à l'hôtel Mazafran, à Zéralda, à l'ouest d'Alger. Invité par la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd), initiatrice de la conférence, le numéro 2 de l'ex-FIS dissous a cédé aux conseils de son entourage pour ne pas créer des incidents. «Ses proches lui ont conseillé de ne pas venir pour éviter tout incident de nature à gâcher l'événement surtout que les familles des disparus étaient présentes en force à la conférence», explique un organisateur. En effet, une dizaine de membres de l'organisation SOS disparus, à leur tête, Hacène Ferhati, un des responsables, ont pris place dans le chapiteau de l'hôtel bien avant le début des travaux de la conférence. Cependant, la place réservée à Benhadj était occupée par l'un de ses collaborateurs, en présence d'anciens cadres de l'ex-FIS à l'instar de Kamel Guemazi et Ali Djeddi. Mais Ali Benhadj n'était pas le seul absent à cette conférence. L'ex-chef de gouvernement, Ahmed Ghozali, dont la présence a été maintes fois confirmée, a brillé lui aussi par son absence. Raison: l'un des organisateurs affirme ne pas avoir de réponse. Ce qui a encore marqué cette conférence est le geste de l'ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui a quitté précipitamment la salle. Sadi dont une allocution était attendue est sorti juste après la fin de l'intervention de Ali Benflis. Si personne ne pouvait avancer la raison de cet acte, il reste que l'ancien président du RCD donnait l'impression d'être mécontent. Même les cadres du parti que nous avons interrogés n'avaient pas d'éléments de réponse. En dehors de cela, la conférence sur la transition démocratique s'est déroulée comme prévue par les organisateurs. Selon eux, environ 400 personnes, entre représentants de partis politiques, d'organisations de la société civile et de personnalités nationales, ont participé à la conférence sur la transition. Aucun incident majeur n'est à signaler. Bien au contraire, les divergences du passé entre les différentes tendances politiques (islamistes, laïcs, démocrates, nationalistes et socialistes) semblent avoir été effacées. Tous les réquisitoires faits par les intervenants convergent vers le même accusé: le régime politique qui est, selon eux, la source de la crise que vit le pays. Fini donc le temps où les démocrates tiraient sur les islamistes et vice versa? Mohcine Belabbas, président du RCD a résumé, dans son intervention, le principe du travail de la Coordination qui comprend aussi le MSP, Jil Jadid, Ennahda et Ahmed Benbitour. «Ce que nous sommes parvenus à réaliser est la consécration du respect mutuel entre nous. Personne n'a voulu s'imposer ou imposer son avis dans notre plate-forme sur la transition», a-t-il expliqué. «C'est une journée historique», se félicitait, pour sa part, Abderrazak Makri, président du MSP, membre actif de la Cltd. La conférence a été présidée par l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, membre de la Cltd. Elle s'est déroulée dans une ambiance «conviviale». Les présents se sont même remémorés des souvenirs des années 1980 et 1990. Saïd Sadi était assis à côté de Mokrane Aït Larbi. Les deux hommes ont partagé plus d'une décennie de combat. Ils étaient les fondateurs du RCD. Mais depuis des années, ils se sont séparés. Retrouvailles. La conférence d'hier était une occasion pour eux de renouer le contact. D'ailleurs, ils n'ont pas cessé d'échanger et de converser jusqu'au moment où Sadi quitta les lieux. L'ex-chef de gouvernement Ali Benflis était à côté de Mouloud Hamrouche et Abdellah Djabellah tout proche de Ali Yahia Abdenour. Une chose est sûre: la conférence de transition a rassemblé toute la famille de l'opposition qui cherche désormais, à imposer le changement démocratique au pouvoir en place.