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Un cérémonial sans égal
QUAND LE JEUNE JEÛNEUR PENÈTRE DANS LA COUR DES GRANDS
Publié dans L'Expression le 13 - 07 - 2014

Les petites filles candidates au jeûne jouissaient des mêmes égards.
Vieux souvenir quand tu nous tiens. Tu ne nous lâches point. Les années passent et tu restes là, accroché à notre mémoire comme l'Histoire reste accrochée à l'événement.
Il se trouve que le premier jour de jeûne chez l'enfant était un événement, jadis. Ce premier pas dans la vie adulte était même fêté chez bon nombre de familles modestes ou aisées.
En ce qui me concerne, ce jour «test» se tient la veille de la moitié du mois de jeûne, un jour exceptionnel pour moult raisons, presque autant que celui de ma circoncision (baptême) qui s'en suivit en la veille du 27e jour du Ramadhan.
Ainsi, en mon premier jour de jeûne, coiffé d'une «chéchia Stamboul», j'avais accompagné mon père pour faire le marché. Muni d'un petit couffin, tressé ou acheté pour la circonstance, mon père y glissait un légume ou un fruit de tout achat effectué. Il ne cessait de me présenter à ses connaissances non sans fierté tout en leur annonçant l'épreuve que je vivais pour l'heure, ce qui faisait glisser leurs mains dans les poches pour m'offrir quelques menues pièces ou pour m'acheter une friandise quelconque.
A la maison, moi jeune et tout nouveau jeûneur, je n'étais pas bien sûr en reste. J'étais entouré de toutes les attentions féminines. L'une venait parfois m'éventer tout en me caressant avec douceur le front où ma blonde chevelure me tombait sur la nuque, l'une d'elles me mitraillait de bisous, tandis que les autres n'avaient cesse de louer mon «courage et ma témérité» en mon premier jour de jeûne qui prenait l'air d'une épreuve titanesque pour moi. Après un petit somme bien mérité et réparateur, moi qui avait horreur des siestes, c'était le moment le long moment de l'attente de l'heure du «f'tour». Il fallait grimper sur la terrasse de la douira où nous habitions en plein centre de la Casbah pour chanter à la gloire d'Allah et du Ramadhan de petites chansonnettes rythmées qui résonnent encore dans ma tête.
Un vrai gazouillis d'enfants de tout âge amplifiait les terrasses de la citadelle qui dominent la majestueuse baie d'Alger. Nous avions tous les yeux et oreilles braqués sur la jetée nord du site Kheireddine, du port d'Alger ou le «Môle» comme appelé communément à l'époque ou encore l'Amirauté. C'est de cet endroit précis, en effet, que le fameux coup de canon était tiré chaque jour à l'heure de la prière du crépuscule (Maghreb) qui libérait les ouailles algéroises du jeûne. La radio était très rare et la télé n'existait pas encore pour l'annonce du f'tour. Seul le coup de canon ou l'appel du muezzin à la prière étaient nos repères pour la rupture du jeûne.
Chacun des très jeunes adolescents jeûneurs, filles et garçons, même les non-jeûneurs qui resquillaient une place parmi eux, avait caché précieusement sa friandise, souvent mielleuse pour rompre le jeûne. Parfois l'un d'eux ramenait même de la «gazouze», déjà tiède, car le réfrigérateur n'existait pas à l'époque encore dans nos modestes habitations. Les boissons fraîches étaient conservées dans des glacières artisanales remplies de blocs de glace qu'on achetait chez âmi Ali l'épicier ou chez Ammar le laitier.
Pendant ce temps, nos mamans et nos frangines aînées et voisines s'affairaient autour des «kanouns» ou des fourneaux à pétrole à pompe pour les ultimes cuissons dont le café pour le maître de maison (moul el beit) qui ne devrait pas tarder à rentrer après la prière de la rupture du jeûne. Chez moi, l'ambiance était à son summum, c'était la fête dans la fête. Mes soeurs étaient aux anges devant leur chérubin adoré que j'étais auquel elles n'avaient pas omis d'appliquer du henné dans le creux de la main droite. Ma mère ne cessait de me cajoler à tout bout de champ, les yeux étaient langoureux à mon adresse, un vrai bonheur...je me souviens. En plus des occupations communes et journalières, il fallait préparer aussi les ingrédients pour dresser une «somptueuse» meïda richement garnie à cette occasion.
De la «cherbet» à gogo et des friandises de toutes sortes ont été achetées pour ce jour particulier. Dans un petit pot en cuivre empli de cherbet, était glissée une bague, un «ourbyaa» qui était une pièce en argent ou même une pièce d'or (un louis à l'époque). Le petit pot m'était offert à boire à l'heure du f'tour au moment où on enfilait la bague trempée au doigt.
Le cérémonial était presque identique pour la petite fille candidate à cette épreuve sacro-sainte. Sa maman lui aurait acheté une petite marmite avec son «couscousier» dans laquelle elle préparait sa chorba personnelle. Sous le regard attentif de sa maman, elle mimait ses gestes dans la préparation en découpant soigneusement les légumes et ajoutait les épices nécessaires. C'était là les premiers pas d'un futur cordon bleu comme le furent toutes nos mamans On l'habillait d'une réplique de toilette d'une grande personne, à savoir, b'dehiya (corset) brodée, d'un pantalon «echerqa», des ballerines aux couleurs chatoyantes comme sorties du conte de Cendrillon, oserais-je dire tellement elles étaient bien mises. On lui faisait même porter des bijoux d'adulte dont parfois le fameux diadème algérois (kheit errouh) et ses mains étaient empreintes de de henné sur les bouts des dix doigts...


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