il y a une interdépendance, une interconnexion entre ces deux sortes de criminalité. L'Expression : M. Ben Cheikh, vous êtes chef du bureau central national (Interpol Algérie) vous voulez bien nous parler du rôle de cette organisation et sa relation avec l'Algérie? M.Bencheikh : C'est une police qui existe depuis 1914. Avant, elle s'appelait comité international de police judiciaire. C'est une organisation intergouvernementale dont l'objectif est de promouvoir l'entraide entre les différents pays du monde et ce, à l'échelle planétaire. Entre les polices pour la lutte contre la criminalité transnationale sous toutes ses formes : le crime organisé, le terrorisme. Concernant le bureau d'Interpol d'Alger, c'est un bureau central national qui existe depuis 1963. Et l'Algérie, il faut bien le rappeler, fait partie des 50 premiers pays à avoir adhéré à cette organisation intergouvernementale et elle a été tout le temps disponible à coopérer. Cette coopération a connu une évolution remarquable et assez sensible durant les douze et treize dernières années, pour son expérience et ce, vu les étapes que l'Algérie a traversées dans le cadre de la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, y compris celle de la lutte contre le terrorisme. Mais cette coopération s'est accentuée après les événements du 11 septembre... En fait, Interpol est pionnière dans la lutte contre le terrorisme, notamment après les événements du 11 septembre 2001, qui a vu l'effondrement des deux tours et qui a eu des rebondissements énormes tant sur le plan des relations internationales que sur la coopération bilatérale ou multilatérale avec les autres pays du monde précisément ceux qui ont été touchés par le phénomène du terrorisme. Ces relations se sont développées surtout avec les attentats qui ont touché l'Espagne. La police internationale a compris quand même que l'Algérie a beaucoup d'expérience et qu'elle peut contribuer efficacement dans la lutte contre le terrorisme. Et on est en train de capitaliser cette expérience, de l'enseigner d'abord à nos agents chargés d'appliquer la loi, ensuite, dans la mesure du possible avec les autres pays qui en ont besoin. C'est pour cette raison qu'il y a beaucoup d'échange d'informations entre l'Algérie et tous les pays touchés par la criminalité terroriste ou organisée. En substance, en quoi consiste la mission du bureau d'Alger? Sa mission essentielle consiste en l'échange de renseignements avec les différents services de police à l'étranger et en même temps de coordonner la coopération avec les autres institutions du pays. C'est-à-dire la police, la gendarmerie, le ministère de la Justice et toutes les agences qui s'activent pour l'application de la loi. Votre terrain d'activité se limite-t-il à la lutte contre le terrorisme? Evidemment, il ne faut pas oublier l'autre volet qui est la lutte contre la criminalité transnationale organisée. D'ailleurs il faut faire la différence entre la criminalité organisée et la lutte contre le terrorisme. Comme tout le monde le sait, il y a une interdépendance, une interconnexion entre ces deux sortes de criminalité. Dans ce cas, Interpol est appelée à faire la différence pour arriver à appliquer la loi convenablement. D'ailleurs, ce constat a été fait notamment ces dernières années où les réseaux terroristes sont en prolifération. Les terroristes ont intérêt à se doter du savoir-faire des criminels organisés, notamment dans le domaine du trafic d'armes, la fausse monnaie, le trafic d'identité, le faux et usage de faux...tout cela peut servir «la cause terroriste», c'est-à-dire, il y a un intérêt commun. Croyez-vous que la coopération internationale, telle qu'exercée actuellement est suffisante pour la lutte contre toutes ces différentes formes de la criminalité? Il y a une coopération effective, efficace notamment avec le nouveau système I 24-7. C'est-à-dire... Le système I 24-7, veut dire information 24/24 et 7 jours sur 7. C'est un système similaire au fonctionnement d'Internet, un système interpolices bien protégé, bien codé, par le biais duquel on échange les informations et les renseignements quotidiennement avec les pays connectés. Jusqu'à présent , il y a 80 pays qui sont connectés à ce système, dont l'Algérie. Quelles sont les vertus de ce système? Il nous permet d'avoir le renseignement en temps réel et instantanément, de surcroît on peut l'exploiter immédiatement et prendre les mesures nécessaires sur-le-champ. Concernant les procédures judiciaires... Il n'y a pas un code international régissant les procédures judiciaires, il y a des lois de chaque pays aux principes généraux internationaux. Chaque pays est souverain et évidemment dans ce sens chaque souveraineté se décide par son code pénal...il y a quelques divergences entre les codes pénaux qui régentent les pays mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas une certaine convergence entre eux. L'inexistence d'un code pénal commun entre les pays membres d'Interpol, n'a-t-il pas entravé le bon fonctionnement de la police internationale? Enfin, dans ce cas, il y a des instances internationales et des conventions qui ont été signées entre les pays membres de l'organisation Interpol. Des réunions, des séminaires sont organisés annuellement. Il y a aussi, des conventions bilatérales et ça peut remédier à la particularité du code et de la procédure pénale de chaque pays. Et l'Algérie ne cesse, depuis l'avènement du terrorisme, d'adapter son code pénal à l'évolution et à la configuration continuelle, de la scène criminelle.