Les partis et même les syndicats autonomes font face au verrouillage inavoué du département de l'intérieur et celui du travail. Des cas de ce genre soumis au blocage et tracasseries administratives sont légion. Un niet est opposé, aussi bien pour une autorisation de tenir un congrès constitutif, qu'un rendez-vous pour le dépôt du dossier de demande d'agrément et la réservation d'une salle pour organiser une conférence. La classe politique dénonce une sorte de chape de plombe, qui paralyse l'action politique. Depuis le rejet par la wilaya d'Alger de sa demande d'organiser une conférence thématique à Alger, la Cldt n'a pas encore tenu son sommet pour relancer une nouvelle procédure. Il a été convenu notamment, de déposer une autre demande d'autorisation auprès de la wilaya d'Alger en prévision de l'organisation de ses conférences intellectuelles et thématiques. Les leaders des partis constituant cette coordination ont dénoncé lors de leur sit-in tenu le 24 juillet dernier à la place de la Grande-Poste d'Alger, «les atteintes flagrantes contre la Constitution et les principes des droits de l'homme ainsi que la violation par les autorités des lois de la République en refusant d'octroyer à un parti agréé, une autorisation d'organiser une conférence ou une simple activité politique au niveau de la capitale». Pour rappel, les services de la wilaya d'Alger avaient rejeté la demande de la Cldt concernant l'octroi d'une autorisation pour l'organisation d'une conférence sous prétexte que la salle devant abriter la conférence était réservée aux activités culturelles. D'autre part, le parti de l'ancien premier secrétaire général du FFS, Karim Tabbou, a essuyé le même niet des autorités concernées. Son parti tarde à être agréé sans qu'aucune explication ne lui ait été fournie. Ayant fait la demande d'agrément en mars 2013, il a reçu le récépissé de dépôt au mois d'août de la même année. Par conséquent, l'UDS a, depuis, un délai d'une année pour tenir son congrès constitutif. Or, le délai va bientôt expirer et ce parti n'a pas tenu son congrès constitutif pour prétendre obtenir l'agrément. Pour cause, son parti est pris en otage par l'administration de l'Intérieur depuis une année, alors que son dossier est censé satisfaire à toutes les conditions légales. Son intervention à plusieurs reprises auprès du ministre de l'Intérieur n'a pas donné le résultat escompté. Karim Tabbou a dénoncé récemment des entraves administratives, qui se traduisent par l'empêchement de plusieurs réunions de son parti dans différentes wilayas du pays. Il citera, entre autres, les wilayas de Bordj Bou Arréridj, Béjaïa et Annaba. Certaines indiscrétions susurrent que «l'on reproche aux fondateurs de l'UDS d'avoir ôté le portrait du président Bouteflika lors de l'une de ses réunions tenue dans la wilaya de Béjaïa». En outre, le candidat à la présidentielle d'avril 2014, Ali Benflis, qui a annoncé le dépôt du dossier de demande d'agrément de son parti, le mois de juin, ne semble pas sur la voie d'obtenir de sitôt son récépissé de dépôt. Des militants fondateurs de cette nouvelle formation politique peinent à obtenir, ne serait-ce qu'un rendez-vous de dépôt de demande d'agrément pour leur parti, le Rassemblement de la société des libertés (RSL). Le chargé de cette mission organique, Azzouz Nasri, indique que le ministre de l'Intérieur n'a pas donné suite à la demande de rendez-vous formulée le 26 juin dernier. Le même sort a été réservé à la deuxième demande. Le Syndicat autonome des postiers (Snap) a déposé son dossier d'agrément au mois de mai 2012. Il n'a pas encore obtenu le quitus de la part du ministère du Travail. D'autres associations de la société civile se situent à la même enseigne.A une décennie d'interdiction de création de partis politiques succède un tsunami d'agréments. Daho Ould Kablia, alors ministre de l'Intérieur, a agréé plusieurs partis à la veille des législatives du 10 mai 2012. Le paysage politique algérien se composait jusqu'à mars 2012, de 33 partis politiques agréés, dont 22 avant les dernières réformes et 11 depuis leur application. Pas moins de 67 formations politiques ont été conviées par Ahmed Ouyahia aux consultations sur la révision de la Constitution. Le nombre de partis a donc doublé depuis mars 2012 à ce jour.