Unanimement, les citoyens remettent en cause cette commission et ses élus qui ont brillé par leur absence et demandent l'intervention directe du wali. Pour la deuxième journée consécutive, la ville de Bouira a vécu un climat tendu. L'artère principale qui mène au centre-ville est restée obstruée au niveau des trois accès. Les résidents de la cité Aïnouche Hadjila ont décidé de passer à l'action et rejettent dans sa totalité la liste. La tension est vite montée quand un citoyen de la cité Ecotec, H.Samir, a tenté de s'immoler. L'intervention rapide des policiers et de la Protection civile a évité le pire. L'intéressé vit avec trois de ses frères, tous mariés, et ses parents dans un F3. Aucun des membres de cette famille n'a bénéficié de logement. Kamel est membre du comité du quartier Aïnouche Hadjila, cité concernée par le recasement. Selon lui, le travail fait en concertation avec l'administration n'est pas celui retenu aujourd'hui. Certains ont simplement rejeté la responsabilité sur le comité. «Nous avons été menés en bateau. Le cas d'une dame qui bénéficie de trois appartements et d'une autre personne qui a eu deux logements sont là pour confirmer nos dires». Même réflexion du côté de la cité des 1100 Logements où une personne venue de Réghaïa depuis six mois figurerait sur la liste quand d'autres, natifs de Bouira et occupant un F3 à 8 ou 10 personnes, ont été omis. La colère qui a succédé à l'annonce des listes des bénéficiaires de logements repose avec acuité l'utilité de ces commissions chargées d'étudier les demandes. Composées d'éléments des services en charge du dossier de logements, de quelques membres des organisations de masse telle celle des moudjahiddine, ces commissions sont à l'origine du climat et de la tension qui succède à toute distribution. Les critères sont certes précis, mais on sait comment les contourner pour servir les amis et autres corrupteurs. De l'avis de la majorité des citoyens rencontrés devant la daïra de Bouira lundi dernier, le travail a été bâclé, minutieusement programmé. L'annonce des listes s'est faite le 4 août à 4 h du matin. Ce même jour, l'ensemble des responsables étaient en congé. Même ceux qui ont accepté le principe du recours ont vite désenchanté, car ils ne savaient plus à qui s'adresser au niveau de la wilaya et du siège de l'APW. Le chef de daïra qui a quand même reçu quelques personnes a nommément accusé le maire d'avoir établi la liste. L'argument est faux, puisque le maire et depuis les dernières décisions ne s'occupe plus du logement et reste un membre de la commission de daïra. Beaucoup de citoyens rencontrés devant la daïra se demandent pourquoi les membres de cette commission et les élus ont brillé par leur absence. D'autres voient en le fait d'avoir jumelé trois formes d'attribution, une astuce pour faire passer les «leurs». On nous a parlé, par exemple, d'une dame mariée à un Espagnol, détentrice de deux appartements et qui aurait bénéficié d'un logement dans le cadre de la résorption d'un haouch dans le quartier Château d'eau. Un autre bénéficiaire héritière d'une bâtisse de trois étages et propriétaire de deux appartements aurait, selon un témoin, bénéficié d'un logement social. Dans cette longue série de cas douteux, certains on parlé de filles célibataires, de personnes propriétaires de biens, de proches des membres de la commission. Le chef de daïra intérimaire qui reçoit les contestataires depuis lundi dernier leur demande de déposer des recours. Devant l'ampleur de la situation, il est peut-être temps de marquer une pause, de surseoir à la distribution et diligenter des enquêtes approfondies pour au moins éviter de léser le maximum. Il est peut-être temps aussi de confier les enquêtes sociales à l'institution policière et d'associer la justice à ces commissions afin d'en exclure ces soi-disant notables de la société civile qui restent source de ces problèmes. Les citoyens ont accusé nommément des membres de la commission d'avoir avantagé des repris de justice, des personnes de mauvaises moeurs au dépend de personnes intègres et respectueuses de la loi. Tout en souhaitant que la situation ne dégénère pas, les responsables sont interpellés. Les contestataires ont demandé l'intervention du wali et exigent une enquête sur cette commission, responsable de cette situation.