On ne peut manquer de relever la dichotomie avec laquelle les grandes puissances occidentales appréhendent les événements de par le monde et singulièrement ceux caractérisés par la violence, en les définissant selon une lecture, à tout le moins biaisée, sinon marquée par le partpris. L'Irak, Ghaza et même l'Ukraine, sont exemplaires de la manière avec laquelle les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne (UE) qualifient les crimes des uns et des autres. Ainsi, dimanche dernier, l'UE avait-elle évoqué, emboîtant le pas aux USA, «un crime contre l'humanité» qui se commettrait dans le nord de l'Irak, se déclarant «consternée» par la «détérioration rapide de la situation humanitaire» dans cette région. Il est certain que c'est une bonne chose que ladite «communauté internationale» réagisse à de telles actions qui n'honorent en rien le genre humain. Mais voilà - nous regrettons d'avoir à souligner le fait que - l'Occident n'a réagi qu'une fois que les hordes sauvages dudit «Etat islamique» (EI) aient attaqué les minorités yazidi et chrétienne. Pourtant, des centaines de femmes et d'enfants irakiens et syriens ont été tués ces derniers mois par ces mêmes djihadistes de «l'EI». Quand la compassion est sélective et est mesurée, il faut bien admettre que le monde - plutôt ceux qui, aujourd'hui, parlent en son nom - s'est effectivement quelque part déshumanisé. En effet, des centaines d'enfants syriens ont été assassinés par ces mêmes djihadistes - qui combattent le régime syrien - soutenus, curieusement par l'Occident. Dans ce cas, il s'agit sans doute pour l'Occident de l'application du principe selon lequel «l'ennemi de mon ennemi est mon ami». En effet, il s'est passé, il se passe des choses étranges en Syrie quand des leaders occidentaux se sont engagés pour la chute, voire l'élimination - le mot est-il trop dur? - d'un chef d'Etat légalement élu (Bachar Al Assad). Plus grave, ces mêmes dirigeants occidentaux qui condamnent - à juste raison - les crimes dudit «Etat islamique» en Irak, ne mouftent mot cependant contre les crimes de guerre - possiblement des crimes contre l'humanité, comme le signalait, Navi Pillay, la Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU - que commet depuis plus d'un mois Israël contre la population de Ghaza. Plus de 500 enfants - de moins de 12 ans, voire des bébés - ont ainsi été tués dans les bombardements de leurs maisons et de leurs écoles par l'armée israélienne. Des meurtres perpétrés, faut-il le souligner, avec des armes et des munitions américaines. Annonçant, vendredi dernier, des frappes dans le nord de l'Irak, contre les djihadistes dudit «EI», le président états-unien, Barack Obama a prononcé ces mots dont la duplicité le dispute au cynisme qui indiquait «(....) quand il y a une situation comme celle de cette montagne (Sinjar en Irak du Nord, Ndlr), où d'innombrables innocents risquent de se faire massacrer, et que nous avons la capacité d'aider à l'empêcher, les Etats-Unis ne peuvent pas détourner le regard. Ce n'est pas ce que nous sommes. Nous sommes Américains. Nous agissons. Nous menons. Et c'est ce que nous allons faire sur cette montagne». Fin de citation! La bonne blague! M.Obama omet un fait, plus tragique- les Palestiniens sont massacrés par Israël et ils ne risquaient pas seulement de l'être - qui se passe à Ghaza à quelques encablures du nord de l'Irak, mais ne semble susciter de sa part aucun commentaire et encore moins de condamnation. Ah! Racontez-moi l'Amérique qui agit et protège le faible et le démuni. Il est vrai que, pour sa sécurité, Israël a le droit de «tuer» des bébés et des enfants. Ne sont-ils pas les futurs «terroristes» de demain selon les dires de l'entité sioniste? D'ailleurs, le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, l'a pareillement répété, dimanche dernier, quand il déclarait qu'il voulait «assurer le calme pour Israël» pour «plusieurs années». C'est d'ailleurs, la politique criminelle de la terre brûlée qu'Israël poursuit depuis des décennies, sans que les Américains et les Européens aient trouvé à y redire. Ce qui est aussi odieux est le fait que l'Occident, outre d'être sélectif, décide et dit qui peut ou non bénéficier de l'aide humanitaire. Ainsi, se joignant à l'hôte de la Maison-Blanche, l'UE appelait les parties (en Irak) «à respecter le droit humanitaire international, à assurer l'accès humanitaire et à faciliter l'acheminement de l'aide». Ce qui est logique. Ce qui l'est moins, est que ces leaders des grandes puissances n'ont toujours pas demandé, voire exiger, qu'Israël ouvre un couloir humanitaire dans cette gigantesque prison qu'est la bande de Ghaza sous blocus israélien depuis 2006. Dans ce contexte, Israël affirmait que le blocus de Ghaza «visait à garder le peuple de Ghaza à un niveau minimal d'existence». Qui a remis en cause ce système qui s'apparente à des crimes de masse? Que dire de cet Occident qui refuse l'aide humanitaire de la Russie à l'est de l'Ukraine, l'estimant «injustifiée, illégale et inacceptable».