De dangereux abcès de fixation minent la sécurité du monde. Des conflits, souvent suscités - c'est particulièrement vrai pour la crise en Ukraine et la guerre en Syrie - plongent la société humaine dans l'instabilité. Alors que la situation devient compliquée, nous observons le silence absurde des Nations unies et de leur secrétaire général, Ban Ki-moon. Or, il était attendu de cette institution qu'elle s'implique davantage, comme de mettre les grandes puissances, pas toujours innocentes dans la dégradation des situations, face à leurs responsabilités. Si durant la Guerre froide - au lendemain de la Seconde Guerre mondiale - un certain statu quo, avait mis les deux blocs antagonistes en stand-by, il n'en est plus de même depuis l'effondrement de l'Union soviétique. En effet, les problèmes sont autres qui ont pris des dimensions inusitées. Aussi, on se demande quel est le rôle de l'ONU dans leur résolution, si elle en a encore la capacité. Questionnement devenu inévitable face aux errements et aux dérobades de l'institution internationale. En fait, faut-il sans doute s'interroger pour savoir si l'ONU avait jamais eu une quelconque utilité? On sait, depuis mars 2003, qu'il n'en est rien quand les Etats-Unis passèrent outre à son opposition aux frappes contre l'Irak. La réalité est que l'ONU a été de fait dessaisie des questions géopolitiques et diplomatiques entrant en principe de plain-pied dans ses prérogatives. Cela s'explique par la puissance des pays membres permanents du Conseil de sécurité qui écrasent de leurs poids l'organe exécutif de l'ONU neutralisé pour toute décision portant sur des questions qui engagent la communauté des nations dans la recherche de solutions aux crises et conflits armés par des moyens pacifiques. Or, depuis la disparition de la bipolarité et l'émergence d'une seule superpuissance mondiale - les Etats-Unis - la tendance a été de frapper militairement d'abord et tenter, s'il en est encore temps, de trouver des solutions aux problèmes posés ensuite. Cela s'est vérifié par l'hégémonie prise par les Etats-Unis dissolvant peu à peu le rôle de l'ONU devenue une simple auxiliaire des desiderata des puissants. La première et la deuxième guerre du Golfe dans les années 1990, celles d'Afghanistan et d'Irak - conflits majeurs, outre les guerres dites de «basse» et «moyenne» intensité - depuis l'avènement du troisième millénaire, ont eu pour acteur principal les Etats-Unis qui n'ont laissé aucune alternative à l'ONU de pouvoir jouer son rôle de maintien de la paix. Les Etats-Unis, avec l'appui des membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité (Grande-Bretagne et France) et de l'Allemagne, forment une dite «communauté internationale» qui dirige de facto les affaires du monde. Ainsi, au gré des événements et des risques qu'ils font courir à la sécurité dans le monde, celle-ci met en place des «coalitions militaires» qui excluent l'ONU tout en la mettant devant le fait accompli même si, après coup, on lui demande de voter des résolutions sous le chapitre VII. Une manière de légitimer les crimes qui se sont accomplis ou vont s'accomplir sous l'égide de l'ONU. Cela a été le cas en Irak en 2003 où des crimes abominables y furent commis par les troupes d'invasion US et les mercenaires de «sociétés militaires privées». Il y eut en 2011 une autre «coalition» constituée, toujours, en dehors de l'ONU - qui demanda par la suite son «parapluie» - qui détruisit la Libye, mise depuis sous coupe réglée des milices jihadistes. Et voilà qu'une autre «coalition» prend forme, conduite par les Etats-Unis, qui gageons, demanderont ensuite aux Nations unies de «légitimer» le travail de «finition» en Irak et aussi en Syrie que les troupes US et les jihadistes n'ont pu achever. La fumisterie est de faire croire que ces «coalitions» - montées de bric et de broc, au pied levé, sous la pression et le chantage de pays réellement intéressés par ces guerres - vont solutionner les conflits que ces «pompiers-pyromanes» ont largement contribué à allumer. Aussi, le silence de l'ONU et des pays arabes non concernés par la mise en scène de cette nouvelle «coalition» belliqueuse est déplorable, car l'une et les autres renoncent à leurs droits de dire «non» à la surenchère et aux pressions. L'ONU qui aurait dû faire prévaloir les articles 39, 40, 41 et 42 du Chapitre VII de la Charte de l'ONU y a renoncé alors que sa Charte est claire: aucune frappe (c'est-à-dire aucune coalition militaire) ne peut se faire sans l'aval de l'ONU et sous son égide. Nous en sommes loin. Très loin même, dès lors que ce sont les Etats-Unis qui décident du tempo des choses et de ce qui doit être fait. Alors où est l'ONU et à quoi sert-elle encore? Devra-t-elle subir le sort de la défunte SDN (Société des Nations)? On n'est pas loin de le croire!