A voir l'influence politique de l'ONM, il est à se demander si cette lettre n'est pas un avertissement pour le vieux parti. La direction politique du vieux parti a demandé des explications auprès de l'ONM suite à la lettre adressée par des membres de cette organisation aux différentes kasmate. «Nous avons saisi la direction de l'ONM à laquelle on a demandé des explications au sujet de cette déclaration», a affirmé, hier, Abdelkrim Abada qui n'a pas exclu des jalousies partisanes pour déstabiliser le FLN à la veille de l'organisation de son congrès alors qu'il commence à retrouver sa sérénité. S'exprimant avant-hier au forum de l'Entv, en tant que président de la commission de préparation du 8e congrès, Abdelaziz Belkhadem a été catégorique: «Je dénie le droit à quiconque qui n'est pas militant du parti de parler au nom du FLN fût-il moudjahid.» Dans leur missive, les anciens mou-djahidine demandent la restitution du parti du FLN à l'histoire. En termes plus clairs, la lettre revendique tout simplement la dissolution du vieux parti. L'idée de la dissolution n'est pas nouvelle. Elle a été soulevée par de nombreux hommes politiques au lendemain de l'ouverture démocratique et reprise officiellement par l'un des pères fondateurs de ce parti, en l'occurrence, l'ex-président du Haut Conseil d'Etat, Mohammed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992 à Annaba. Il est difficile de croire que la sortie des anciens moudjahidine est fortuite. Connaissant le poids et l'influence, dans les plus hautes sphères politiques de l'ONM, il est à se demander si cette sortie n'est pas un avertissement pour le vieux parti qui n'arrive pas à se dépêtrer de sa crise interne. Curieusement, elle intervient à la veille de la tenue du 8e congrès dont la tenue serait, selon Belkhadem, vers la fin du mois d'août. Des membres de la direction du parti soutiennent mordicus que «le complot est fomenté par le RND» arguant le fait que les moudjahidine qui ont pris cette initiative «sont tous des militants du parti d'Ahmed Ouyahia». Ce nouveau front extérieur risque d'enfoncer le FLN. Encore en convalescence, suite à une crise interne, il trouvera du mal à faire face à une attaque externe qui remet en cause son existence même sur le terrain politique. Les reports successifs de la tenue du congrès, le conflit en sourdine entre les différents courants qui le traversent et l'affaiblissent alors que son premier rival, dans les rouages du pouvoir, se renforce de plus en plus. Le rendez-vous du congrès sera décisif pour l'avenir du parti. Le 8e congrès remettra en surface le conflit entre redresseurs et non redresseurs. «Nous trouverons de sérieux problèmes au niveau de la base où existent encore des résistances», a déclaré Ammar Tou devant les journalistes au siège de l'Assemblée en marge de la clôture des travaux de l'APN. En effet, l'installation des commissions de wilayas qui interviendra au courant de la semaine prochaine, selon M. Abada, pose de sérieux problèmes «aux redresseurs» qui craignent le retour des pro-Benflis.