La plupart des intervenants ont mis l'accent sur l'indépendance de la justice qui est une condition sine qua non pour toute réforme. Un réquisitoire sévère. Les députés ont fortement critiqué l'institution présidée par Tayeb Louh. Lors des débats sur le projet de loi portant sur la modernisation de la justice tenus hier au niveau de l'Assemblée populaire nationale, les élus du peuple ont crevé l'abcès. La corruption, l'injustice et l'impunité, la dépendance au pouvoir exécutif caractérisent l'institution judiciaire. La plupart des intervenants au débat ont dénoncé la lourdeur de la justice dans le traitement des affaires de corruption. Le député Nacer Hamdadouche de l'Alliance de l'Algérie verte a dénoncé le fait que 7000 dossiers de la corruption ne soient pas encore traités. «Il y a de grosses affaires de corruption qui sont bloquées telles que l'affaire Sonatrach, l'autoroute Est-Ouest et vous parlez de la modernisation de la justice», s'est-il emporté. Le député Mahfoud Hamdi appartenant à la même famille politique a établi un constat critique sur l'institution judiciaire. Se référant à la position de l'Algérie dans le classement mondial de la corruption qui occupe la 105e place, ce député estime que la justice ne fait pas son travail. «Où est la justice?» s'est-il exclamé en précisant que c'est la politique de l'impunité qui règne. «Des criminels, des corrompus circulent en toute liberté», a-t-il déploré. Ce député soutient que la loi s'applique uniquement sur les pauvres. Le député Mohamed Daoud a de son côté estimé que la modernisation de la justice n'est qu'un slogan vu que la réalité sur le terrain est tout autre. «Le recours à l'informatisation de tous les fichiers n'est -il pas une manière d'étouffer les affaires de corruption», soupçonne-t-il. Le député Abdelghani Boudebouz de l'Alliance de l'Algérie verte a qualifié le projet de loi sur la modernisation de la justice d'anticonstitutionnel. La plupart des articles sont de nature réglementaire et organisationnelle. Ce projet ne devrait pas être soumis au Parlement. Dans l'article 122 de la Constitution, les champs d'intervention du pouvoir législatif concernent 30 secteurs, mais ce secteur ne figure pas», a-t-il précisé en qualifiant «d'insensé» ce projet de loi. «Nous sommes en train de traiter un projet, il s'agit beaucoup plus d'une publicité», a-t-il soutenu en affirmant que le vrai débat doit porter sur l'indépendance de la justice et son efficacité à lutter contre la corruption. Cet intervenant a saisi l'occasion pour relever le problème des fonctionnaires du secteur. «On ne peut pas parler de la justice alors que ses fonctionnaires sont privés de leurs droits», regrette en rappelant le ministre sur les mesures sévères prises contre ces fonctionnaires. Le député Lakhdar Benkhelaf d'El Islah s'est interrogé pour sa part sur l'utilité de ce projet. «Qu'apportera ce projet aux citoyens sachant que la justice est loin d'assurer leurs droits», a-t-il demandé. Ce député n'a pas été par quatre chemins pour dire si on veut une justice réelle il faut aller vers une vraie séparation des pouvoirs pour que la justice ne soit pas sous la tutelle de l'Exécutif qui dicte ses lois. M.Benkhelaf estime qu'il n'y a aucune utilité d'élaborer des lois alors qu'elles ne sont pas appliquées sur le terrain. Hier, la plupart des intervenants ont mis l'accent sur l'indépendance de la justice qui est une condition sine qua non pour toute réforme. Pour eux, il n'y a pas de modernisation de la justice sans une garantie des doits.