Son adoption ne souffre d'aucun doute tant les débats furent loin d'être contradictoires. La réconciliation entamée la veille entre les deux ailes du FLN, partie active de l'alliance présidentielle, majoritaire au sein de l'hémicycle plaide en faveur de l'adoption du projet de programme de gouvernement soumis, hier, au débat général même si des divergences de fond, qui n'ont rien de politique, continuent de planer à l'intérieur de l'hémicycle. D'ailleurs l'intervention de la députée FLN, Melle Samia Moualfi n'a pas été du goût de toute l'assistance. L'élue de Béjaïa, avocate de formation, n'a pas raté l'occasion pour décrocher quelques flèches à l'encontre du gouvernement en estimant que «tout un gouffre sépare le discours officiel de la réalité du terrain quant à la réalisation pratique du programme du gouvernement». Sur sa lancée, la vice-présidente du groupe parlementaire du FLN a remis en cause certains points du projet de programme. «Après 40 d'indépendance, on enregistre encore une vassalisation de la justice et la fermeture du champ audiovisuel» a-t-elle souligné «pourtant ces deux secteurs demeurent l'épine dorsale de toute démocratisation d'un pays». Tout en vantant les mérites de la réconciliation nationale, la députée a estimé que «la démocratisation de la société nécessite une rupture totale avec l'actuel système» qui n' a engendré que «déperdition sociale, maux sociaux, corruption, chômage et un retrait de confiance du gouverné aux gouvernants». Mettant à profit l'opportunité offerte, la députée a rappelé que tout développement est sujet «à la liberté d'expression, de contradiction et de transparence dans la gestion de la chose publique» condition sine qua non à même d'attirer les investisseurs étrangers et de permettre un retour à la stabilité du pays ainsi que la concrétisation de la réconcilition nationale. Cette dernière estime, Djelloul Djoudi, député du P.T., doit répondre à deux clauses. La première consiste en la résolution du dossier des disparus, l'officialisation de Tamazight et l'abrogation du code de la famille. «La seconde, d'ordre purement économique, a trait à la résorption du chômage, la distribution de logements dans la transparence» a estimé Djoudi qui a mis en garde les pouvoirs publics quant à l'adhésion précipitée de l'Algérie à l'OMC et qui provoquerait, selon l'orateur, le licenciement de plus de 58.000 travailleurs. De son côté, Mohamed-Salah Bouchareb, député Islah, a estimé que «la réconciliation nationale doit permettre la libération graduelle de tous les détenus» allusion à peine voilée aux militants de l'ex-FIS dissous, ainsi que la réintégration des travailleurs abusivement licenciés. Tandis que Mokhtar Mekhloufi, du même parti, a soulevé le problème du respect des échéances «dans le document qui nous a été soumis aucune date limite n' a été respectée quant aux délais de réalisations des projets». Chose sur laquelle le Chef de l'Etat a, pourtant, longuement insisté lors de son intervention devant le dernier conseil des ministres. A l'exception de ces interventions qui ont pu capter l'attention des présents, les débats étaient stériles et n'ont apporté aucune proposition ni contradiction au projet de programme de gouvernement. Pourtant plus de deux cents intervenants étaient inscrits à l'ordre du jour. La majorité des interventions étaient d'un niveau frôlant, parfois, la dérision à l'image de ce député qui a mis à profit le temps qui lui était imparti pour féliciter l'équipe de son village qui a atteint les demi-finales de la coupe d'Algérie de football. Alors que certains représentants du peuple ont mis à profit cette opportunité pour exposer les problèmes de leur région au moment où le sort de la Nation entière était en discussion.