Le Parlement français doit donner son feu vert mardi à la poursuite des frappes en Irak dans un contexte lourd de tensions et de gravité après les attaques jihadistes qui ont frappé au coeur de Paris. Cette autorisation, imposée par la Constitution près de quatre mois après le début de l'intervention française le 19 septembre, s'annonce acquise dans un pays globalement favorable à l'opération Chammal. "Le combat contre le fondamentalisme commence à la source (...) La guerre contre le terrorisme sur le territoire national commence en Irak", relève ainsi le chef du groupe parlementaire du principal parti d'opposition (UMP), Christian Jacob. Le vote prend un relief particulier alors qu'un des auteurs du carnage le 7 janvier à la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo, Chérif Kouachi, avait participé à une filière de recrutement pour l'Irak et qu'Amedy Coulibaly, le preneur d'otages d'un magasin casher à Paris qui a fait quatre morts, se réclamait du groupe Etat islamique (EI) et demandait l'arrêt des frappes françaises en Irak. "Les événements d'aujourd'hui en France renforcent notre conviction que soutenir l'engagement français était la bonne décision", estime M. Jacob. Dans la majorité, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a souligné à de multiples reprises la détermination de la France à stopper, au côté de ses alliés, l'expansion de l'EI en Irak. Paris exclut en revanche pour l'heure toute intervention en Syrie, jugeant qu'elle ne pourrait qu'être favorable au régime de Bachar el-Assad. "Grâce à l'action de la coalition internationale, nous avons mis un coup d'arrêt à l'expansion de Daesh" (autre nom de l'EI) "mais le coup d'arrêt ne signifie pas que la guerre est finie", relève M. Le Drian. Les forces françaises, qui opèrent depuis les Emirats arabes unis (avec neuf avions de combat Rafale) et la Jordanie (avec six appareils Mirage 2000), ont effectué 30 missions de frappes et détruit une soixantaine d'objectifs au sol (bâtiments, véhicules, complexes logistiques ou terroristes présumés) depuis 4 mois. Si le nombre des frappes est souvent jugé modeste, l'armée souligne la difficulté à combattre un ennemi qui se fond dans la population et l'impératif d'éviter tout dégât collatéral. "Si on lève la pression des frappes aériennes, l'EI reprendra sa guerre de conquête", met de son côté en garde Jean-Claude Allard, expert des questions de défense à l'institut de relations internationales IRIS à Paris. Pour faire reculer l'EI, estiment les experts, il faudrait engager des opérations au sol mais les Occidentaux s'y refusent, de crainte d'un nouveau bourbier irakien. Tout repose donc sur les forces irakiennes, qui sont encore loin d'être prêtes.