Bientôt la rentrée. Que nous proposent donc «les planches» du square Port Saïd pour nous délasser? Si l'on demande au directeur du Théâtre national algérien quel bilan il fait de la dernière saison, ce dernier brandit des chiffres en guise d'évaluation. Ainsi, on notera pour l'année théâtrale qui s'achève que plus de 150 représentations ont été données entre octobre 2003 et juillet 2004, dont 122 pièces de théâtre, 26 spectacles de variétés et 5 hommages. Le TNA, fait-il remarquer, s'est même permis de faire jouer quelques-unes de ses productions à l'intérieur du pays. Ettemine, Naoura, Le navire des mélodies ainsi que El Bedla ont été jouées à Béjaïa, Bordj Bou Arréridj, Batna, Médéa, Illizi et Djanet. Mais qu'en est-il au juste du programme de la rentrée? A quelques jours du mois de septembre, il est logique que ce dernier soit ficelé et fin prêt à l'emploi. Nous apprenons donc que l'ouverture sera alignée sur les festivités devant célébrer le 50e anniversaire du déclenchement de la révolution de Novembre. Le TNA ne déroge pas à la règle. C'est quand même une institution étatique. Une institution qui, bon gré mal gré, compte ses «sous» et se demande comment elle pourrait faire un «festin» avec juste une infime quantité «d'ingrédients» quand les moyens financiers viennent à manquer. Cependant, M'hamed Benguettaf semble croire à une volonté politique qui financerait la production théâtrale et reverrait le budget alloué au 4e art, revu à la hausse. M.Benguettaf a le droit de rêver. On peut construire un monde avec des rêves. Christophe Colomb l'a fait. Mais peut-on sérieusement le faire quand le budget alloué à la culture dans ce pays, est de l'ordre de 0.013% seulement? L'espoir fait vire. Mais qui fera vivre ces nombreux comédiens, auteurs, metteurs en scène, scénographes, etc. quand aucune subvention adéquate n'est donnée pour «redonner la part belle» au théâtre? Mais pas seulement, au cinéma, à la musique à la littérature. Le Ramadan, quand à lui, charriera comme d'habitude le plus d'entrées possibles. Mais de tous les sacrifices jusqu'à son portefeuille, le théâtre connaîtra une animation unique en son genre avec la présentation de Oumaha thouna (les enfants de la Casbah) du défunt Boualem Raïs et les trois pièces créées dernièrement, à savoir Le suicidé, Les visiteurs et El Bedla. Bref, du déjà vu! Dix-huit spectacles de théâtre en tout sont prévus avec la programmation de plusieurs troupes amatrices de l'intérieur du pays. Cinq soirées artistiques avec les «grands noms de la musique algérienne» sont également prévues. Là encore, cela reste tributaire des moyens financiers. Une chose est sûre, la générale de La main damnée de Dalila Oukili sera donnée les 8 et 9 septembre. Une pièce écrite en 2001 et inspirée d'événements réels, à savoir le rapt des filles par les terroristes et comment vivent-elles après s'être enfuies en quittant le joug infernal. Se pose alors pour elles, le problème de l'autre «joug», plus tenace celui-là, le regard de la société... Ce projet entre dans le cadre d'une convention entre le TNA et l'association française Les Evadés qui «aide les artistes à créer et à diffuser leurs projets». La distribution est assurée par des Algériens dont Lynda Sellam, dans le rôle de la «victime» et Ahmed Benaïssa dans celui du père déshonoré. L'autre pièce prévue pour le mois culturel européen, ... en mai, est Arlequin, valet des deux maîtres de Goldani, sur une mise en scène de Giorgio Strehler. Tout cela rentre dans le cadre de l'échange algéro-italien dans le domaine théâtral, le piccolo teatro de Milan. En attendant mai, on espère au moins un début prometteur...