Le tourisme a connu des périodes néfastes et des milliards de dinars sont ainsi partis en fumée. L'Etat qui a manifesté son désengagement envers le tourisme compte sévir contre l'anarchie qui règne au sein de ce secteur générateur de richesses. Les hôtels passeront aux mains du privé qui seront détenteurs du capital à raison de 70%. Béjaïa, Annaba et Oran ont été retenues pour faire office de trois grandes zones d'expansion touristiques. Alger, bien qu'elle dispose d'un tracé balnéaire des plus mirifiques a été écartée car ses plages sont quasi polluées. Cela relève de «la nécessité de préserver les sites balnéaires pour les projets touristiques de grande envergure répondant aux normes internationales». De gigantesques complexes touristiques seront donc érigés et gérés, dit-on, pour la majorité, par des investisseurs originaires des pays du Golfe. Le ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara, lors de ses récentes descentes sur le terrain, a explicité sa démarche qui consiste à donner un bon coup de pied dans la fourmilière. Il a crié haro sur les agences de voyages qui «ne font pas leur travail et détournent les touristes algériens vers des destinations étrangères». Faisant allusion aux agences qui organisent des voyages vers la Tunisie et les Lieux Saints de l'Islam et ne proposent jamais des destinations à l'intérieur du pays. Ces derniers s'en défendent en arguant que les prix affichés par les hôtels algériens sont extrêmement chers alors que la qualité des prestations de service laisse à désirer. Le secteur du tourisme qui ne dispose pas de circuits habituels avec une nomenclature bien définie vit un marasme sans précédent alors qu'il peut devenir le troisième pourvoyeur d'emplois après celui des hydrocarbures et de l'industrie. Les agences de voyage se sont converties pour la plupart en agences immobilières pour des raisons purement vénales. Le marché immobilier est plus intéressant pour ces commerces que le tourisme pour lequel elles ont été créées. Le ministre est catégorique sur ce point et n'hésite pas à les mettre sur la sellette. «Certains ont acquis des terrains d'assiette sous couvert de l'investissement touristique pour en faire de la promotion immobilière. Tous ceux qui sont responsables de cette situation doivent rendre des comptes.» Une manière de dire que l'Etat sévira et qu'il compte récupérer les fameux 500 ha de terre relevant des 174 zones d'expansion touristiques «dévoyées de leur vocation». A Béjaïa, «cette récupération» a commencé au mois de mai. Plusieurs bungalows et pavillons mis en location par ces fameuses agences ont été démolis. Le côte ouest de la ville connaîtra la même opération au mois de septembre prochain pour permettre la cession de ces terres d'assiette au profit des investisseurs potentiels. 174 Zones d'expansion touristique (ZET) classées par décret n°88-232 du 5 novembre 1988, d'une superficie totale de 47.073 ha, sont réparties sur le territoire national. On dénombre 140 ZET implantées sur 14 wilayas littorales et représentant une superficie de 34.852,86 ha. 13 ZET sont localisées dans les wilayas intérieures et les hautes plaines. Elles recouvrent 3480,6 ha. 20 ZET sont situées au niveau de 8 wilayas du Sud et du Grand Sud d'une superficie de 9501,09 ha. L'Algérie possède 1200 km de côte. Son désert s'étend sur près de deux millions de kilomètres carrés. La relance vise une projection décennale de développement du tourisme. Un pari possible si on tient compte des potentialités énormes que recèle le pays. Outre les stations balnéaires, le Sud reste un grand réceptacle de touristes. A ce propos, la région du Tassili, pourrait connaître «une relance incessamment vu l'affluence d'un bon nombre de délégations touristiques». Selon l'APS qui cite le directeur de l'agence de voyage Mezrira à Illizi: «Plusieurs agences de voyage européennes d'Autriche, d'Espagne, de France et de Belgique ont émis le souhait d'organiser des voyages touristiques dans le Sud algérien pour la période allant du début octobre jusqu'à la fin de l'année.» Ladite agence organisera, durant le mois de novembre, en collaboration avec une agence allemande «un voyage au Tassili au profit de 20 touristes, voyage qui pourrait relancer le tourisme au Sahara», a estimé la même source.