Le film mauritanien de Abderahmane Sissako n'a finalement pas obtenu l'Oscar tant attendu. Les membres de l'Académie américaine, (beaucoup plus objectif que ceux des Césars) ont préféré le film Ida, représentant de la Pologne au film mauritanien soutenu par la France. Ida de Pawel Pawlikowski avait déjà enchaîné les succès cinq European Film Awards (dont celui du meilleur film), meilleur film étranger des Independent Spirit Awards, Goya du meilleur film européen, meilleur film non anglophone des Bafta, César du meilleur film étranger, et enfin Oscar du meilleur film étranger. Film à petit budget, en noir et blanc, diffusé dans un cercle restreint de cinémas d'art et essai...revient sur la Pologne communiste des années 1960, où Ida, une jeune nonne orpheline, s'apprête à prononcer ses voeux. Alors qu'elle se croyait sans famille, elle rencontre une tante qui lui apprend que ses parents étaient juifs. Wanda (grandiose Agata Kulesza), juge à la retraite qui boit, fume et sort pour noyer son malheur, l'emmène dans son village natal pour chercher ce qui est arrivé à sa famille pendant la guerre. Après 48 heures, Sissako est reparti bredouille comme à Cannes. Un échec qui intervient en pleine polémique en France sur la véritable place du film aux Césars....en tant que film français. Une polémique qui obligea sa productrice française à réagir. Sylvie Pialat, qui coproduit le film avec Canal+, Arte et TV5, notamment précise ainsi que Timbuktu est un film à capitaux entièrement français. «Ce qui explique ses nominations aux Césars, qui récompensent le meilleur du cinéma hexagonal. Le comité de sélection du film français aux Oscars, qui dépend du CNC, aurait très bien pu en faire son poulain pour la cérémonie hollywoodienne. Sauf qu'il lui a préféré Saint Laurent, le film de Bertrand Bonello, qui n'a pas dépassé le stade des présélections.» Un choix justifié qui pousse certains producteurs comme Bouchareb à utiliser des capitaux français mais à présenter le film sous une autre bannière. Ainsi, Abderahmane Sissako a raté une occasion inespérée de rentrer dans l'histoire comme le deuxième réalisateur africain à décocher un Oscar et à surtout offrir à la Mauritanie, (un pays sans cinéma réel), une occasion pour inscrire son nom à Hollywood. Comme ce fut dans le passé pour l'Algérie qui avait décroché un Oscar grâce à Z, de Costa-Gavras, en 1970. Comme Tsotsi, du Sud-Africain Gavin Hood, en 2005 et surtout La Victoire en chantant, de Jean-Jacques Annaud, en 1970, qui avait gagné un Oscar sous la bannière de la Côte d'Ivoire, pays producteur du film. [email protected]