L'ambassade de Corée du Sud attaquée lundi par un groupe jihadiste de l'EI Les mesures de sécurité ont été renforcées lundi dans la capitale libyenne Tripoli après deux attaques en 24 heures contre les ambassades du Maroc et de la Corée du Sud revendiquées par le groupe de l'EI. Alors que le dialogue inter-libyen a repris lundi à Alger, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit «très inquiet» de la poursuite des violences et s'est déclaré «prêt à sanctionner» les fauteurs de troubles. Il a exhorté les participants aux négociations à «se mettre d'accord sur un gouvernement d'union nationale pour mettre fin à la crise». Les nouvelles violences illustrent le chaos sévissant en Libye, pays livré à des groupes d'ex-rebelles depuis la révolte de 2011 et où deux gouvernements et Parlements se disputent le pouvoir. Outre les combats entre forces relevant de ces deux autorités, le groupe EI a profité de l'instabilité pour s'infiltrer en Libye, s'emparer de territoires et commettre des attaques meurtrières. «Nous allons frapper d'une main de fer les nids des terroristes et de tous ceux qui portent atteinte à la sécurité de la capitale», a déclaré Mahmoud Abdel Aziz, un responsable des autorités de Tripoli. Les mesures de sécurité seront renforcées avec notamment la multiplication des check-points de sécurité, selon des responsables. Dimanche, des hommes armés ont tiré au fusil mitrailleur devant l'ambassade de Corée du Sud, qui a fermé comme la plupart des autres chancelleries dans la capitale après la prise du pouvoir en août 2014 par la coalition de milices Fajr Libya qui y a favorisé l'installation d'un gouvernement parallèle. L'attaque a fait deux morts, un garde et un civil libyens. Selon une source du gouvernement siégeant dans l'Est, le civil tué est le frère de l'ex-chef de gouvernement Mahmoud Jibril, qui rendait visite aux gardes, des amis. Quelques heures plus tard, une bombe dissimulée dans un sac a explosé devant l'ambassade du Maroc, sans faire de victime. Le Maroc a demandé l'ouverture d'une enquête aux autorités libyennes, qualifiant l'attaque de «vile agression criminelle». Le gouvernement libyen reconnu a dénoncé les deux attaques qui ont été revendiquées sur Twitter par l'EI, présent dans les villes de Syrte et Derna dans l'est et qui a multiplié ses attaques à Tripoli ces dernières semaines. «Nous sommes seuls dans la confrontation de Daesh (un acronyme de l'EI). La communauté internationale ne nous reconnaît pas et nous combattons à la place du monde», a dit M. Abdel Aziz. A Amman, l'homme fort de l'armée du gouvernement reconnu par la communauté internationale, le général Khalifa Haftar, qui cherche à obtenir des armes pour ses troupes malgré un embargo de l'ONU, a reçu l'appui du roi Abdallah II. «La Jordanie se tient au côté de la Libye dans ses efforts pour rétablir sa sécurité et dans sa lutte contre les jihadistes», a déclaré Abdallah II. Amman est engagé dans la coalition internationale menée par les Etats-Unis pour lutter en Irak et en Syrie contre l'EI, responsable d'atrocités et accusé de crimes contre l'Humanité. Un nouveau round de dialogue entre représentants des principaux groupes politiques libyens a repris lundi à Alger sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Bernardino Leon qui a estimé qu'une solution politique à la crise dans le pays était «proche». Parallèlement, le Maroc accueille depuis mars un dialogue entre représentants des Parlements rivaux aussi, également avec la médiation de M.Leon qui tente d'arracher un accord sur un gouvernement d'union. La date de sa reprise n'est pas connue. Mais, pour les experts, l'échec des forces politiques à contenir les puissantes milices armées, les ingérences extérieures et la montée en force de l'EI compromettent grandement toute chance de trouver une solution politique au conflit.