C'est dans sa forme intégrée que le tourisme doit trouver sa voie. On est loin du rush annoncé d'estivants algériens en provenance de l'étranger, de France en particulier. Il a, en effet, été constaté, du moins pour ces premiers mois d'été, un déficit marqué du nombre de touristes par rapport à l'an dernier à pareille époque. Toutes les grandes villes semblent être touchées, à l'instar d'Oran et de Béjaïa, et les commerçants en témoignent puisque leurs chiffres d'affaires sont loin d'égaler leurs prévisions, du moins pour le moment, car la saison estivale est loin d'être terminée. S'il existe une réelle demande au niveau national, l'objectif que s'est tracé le ministère du Tourisme pour inciter les deux millions d'Algériens installés à l'étranger à venir passer leurs vacances dans leur pays d'origine est loin d'être atteint. Des prix prohibitifs et un pouvoir d'achat émoussé constituent certainement des causes de découragement même pour ceux qui disposent de quelques moyens. La station balnéaire de Zéralda propose une chambre double en demi-pension à près de 6500 DA/jour et la simple sans pension à 4500 DA/jour. Le secteur du tourisme, qui souffre du manque de structures d'accueil, dispose d'un parc hôtelier de quelque 80.000 lits dont les 4/5 ne répondent pas aux normes internationales. Contrairement à nos voisins maghrébins, la Tunisie et le Maroc, ont des capacités d'accueil trois fois plus élevées et remplissent en totalité les conditions et les normes exigées au niveau mondial. L'Algérie, qui a réalisé un chiffre dérisoire en 2005, par rapport à son voisin marocain qui attend quelque 6,5 millions de visiteurs pour cette année, 1.400.000 touristes, veut inculquer un nouveau souffle au secteur touristique. Tout au long des années 90 et pendant l'âge d'or du tourisme, l'Algérie était empêtrée dans des problèmes internes que l'on a qualifiés de crise multidimensionnelle. Un terme peut-être barbare pour le commun des mortels mais qui trouve la justification dans le désastre évité de justesse par on ne sait quelle bénédiction. Crise institutionnelle, absence d'un Etat fort, crise économique avec un baril de pétrole dont le prix dérisoire se situait en dessous des 10 dollars, une dette astronomique et une instabilité politique et sécuritaire à toute épreuve: suffisamment d'ingrédients pour rendre la destination Algérie indésirable quand elle n'est pas tout simplement interdite. Le Grand Sud, pourtant à l'abri des problèmes sécuritaires, destination très prisée par les touristes européens notamment italiens (KEL 12), français, allemands et à un degré moindre suisses et hollandais s'est retrouvé sinistré. Des agences telles que l'Office national algérien du tourisme, ont dû leur salut en se recyclant dans la location de véhicules. L'Onat a pu bénéficié des missions Sonelgaz qu'il a pris en charge dans le cadre du programme d'installation des systèmes photovoltaïque visant à alimenter 19 villages du Sud algérien en énergie solaire. Et ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. La plupart des agences de voyages ont écumé les quatre coins de l'Europe pour participer aux différentes foires internationales: Barcelone, Paris, Berlin...en vue de prospecter une potentielle clientèle sans résultats probants. En l'absence d'un marketing et d'une communication de qualité, l'image de l'Algérie se vend mal. On a beau avoir les plus beaux sites du monde et les plus belles plages de la planète, si on ne sait pas vendre on revient bredouille. Le gouvernement algérien qui a lancé fin 2004 une nouvelle stratégie du tourisme qui se donne pour but à l'horizon 2015 d'accueillir 3 millions de touristes dont 2 millions d'étrangers doit faire face à la rude concurrence que lui opposent ses voisins marocains et tunisiens.C'est à une véritable mue que sont conviés les responsables algériens du secteur du tourisme quand on sait par exemple que le ciel chérifien s'est enrichi d'une dizaine de nouvelles compagnies aériennes rien que pour l'année 2004 et que la Low Coast britannique propose un vol quotidien Londres-Marrakech à 38 euros, le plus dur reste à faire pour les gestionnaires algériens du domaine touristique. Le secteur du tourisme a besoin d'une réforme profonde et ambitieuse et c'est dans sa forme intégrée que le tourisme algérien doit trouver sa voie. Les sites classés patrimoine mondial doivent en constituer les vecteurs au même titre que les 1200km de littoral qui restent à valoriser. Il est impératif de sortir de l'ère du bricolage et d'une méthode de gestion vieillotte pour mettre en place des structures capables de relever les défis de la modernité.