Bouteflika, dans un discours, à l'occasion du Sommet des dirigeants du monde, a appelé à séparer la faim de la pauvreté. La guerre en Irak et la situation en Palestine ont été hier les questions phares qui ont capté l'attention des chefs d'Etat présents à l'Assemblée générale de l'ONU. Un rendez-vous qui intervient cette année, sur fond de campagne électorale aux USA, où les deux candidats à la Maison-Blanche divergent très sérieusement sur le dossier de l'Irak. Cela dit, tout ce bouillonnement politico-stratégique a lieu alors que le monde avance à cadence accélérée vers la mondialisation que de plus en plus de chefs d'Etat veulent «multilatérale». Ce concept nouveau, évoqué avant-hier par le président Bouteflika à l'occasion de trois discours prononcés lors d'une réunion d'une cinquantaine de chefs d'Etat et hier devant l'Assemblée générale de l'ONU. Véritable lame de fond, le nouveau discours sur la mondialisation est endossé par le secrétaire général de l'ONU, qui a exalté le «multilatéralisme» et un monde où la force découlerait de la loi et non l'inverse. «En ces temps difficiles, les Nations unies sont l'indispensable maison commune de la famille humaine tout entière», a-t-il insisté, en relevant: «Plus que jamais, le monde a besoin d'un mécanisme efficace par lequel il puisse chercher des solutions communes à des problèmes communs. C'est pourquoi cette Organisation a été créée. N'allons pas imaginer que, si nous n'en faisons pas bon usage, nous trouverons un autre instrument plus efficace». Annan cite le Darfour, l'Ouganda, le récent drame de Beslan en Russie, mais aussi l'Irak, où «des civils sont massacrés de sang-froid, des humanitaires, des journalistes et autres non-combattants sont pris en otage et exécutés de manière barbare» et où «on a vu des prisonniers irakiens victimes d'exactions scandaleuses». Il déplore également qu'«en Israël, des civils, dont des enfants, sont délibérément pris pour cible par les kamikazes palestiniens et en Palestine des maisons sont détruites, des terres confisquées et des victimes civiles inutilement causées par l'utilisation excessive de la force par Israël». Un sombre tableau de l'état du monde, en somme. Le président de la République, pour qui, la mondialisation doit être un facteur de progrès pour toute l'humanité avait indiqué la veille, à l'occasion de la discussion du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation que les mesures nationales ou même régionales «aussi indispensables soient-elles», destinées à enrayer la pauvreté, ne sont pas suffisantes par elles-mêmes, insistant sur la nécessité «de mettre fin à la marginalisation de l'Afrique que le processus de mondialisation a tendance à accentuer». Objet d'un hommage appuyé du président français Jaques Chirac pour son action de promotion du Nepad, Bouteflika a, dans un autre discours, à l'occasion cette fois, du Sommet des dirigeants du monde, appelé à séparer la faim de la pauvreté. Clarifiant les deux concepts, le chef de l'Etat a évoqué les mesures sociales prises par l'Etat algérien en direction des populations défavorisées, tout en affirmant que de telles initiatives ne peuvent suffire à combattre la pauvreté, générée par le passage du pays de l'économie dirigée à l'économie de marché. Le discours de George W.Bush, axé essentiellement sur l'Irak et le Moyen-Orient, n'aura pas occulté les sujets de l'heure que sont la mondialisation et la lutte contre la pauvreté dans le monde. En tout état de cause, les pays en développement n'ont pas été aphones et leurs préoccupations ont bel et bien été à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU.