Le siège de l'OPEP à Vienne L'offensive diplomatique d'envergure lancée par l'Algérie pour stabiliser les prix du pétrole trouve une opportunité de premier plan pour rallier à sa cause une majorité de pays producteurs. La guerre des mots a déjà commencé dans le sillage de celle des prix. Les spéculations vont bon train. Chacun défend sa chapelle. L'Opep attend des autres pays producteurs non membres de l'organisation à ce qu'elle ne soit pas seule à supporter une réduction de l'offre mondiale pour stimuler à la hausse les prix. «Certains s'efforcent d'amener de gros producteurs non Opep à la table. Mais s'ils ne réduisent pas leur production, l'Opep ne le fera pas seule. Il faut un engagement réel, clair et chiffré», a déclaré sous le sceau de l'anonymat un délégué d'un pays du Golfe membre du cartel. L'offensive diplomatique d'envergure lancée par l'Algérie pour stabiliser les prix du pétrole trouve une opportunité de premier plan pour rallier à sa cause une majorité de pays producteurs. En ce qui concerne ceux (Iran, Vénézuela...) dont les économies dépendent étroitement de l'exportation de l'or noir c'est acquis depuis longtemps. Fervent défenseur d'un baril à 100 dollars, Caracas revient à la charge et attend plus de l'organisation qui avait décidé de garder son plafond de production inchangé à 30 millions de barils par jour au plus fort de sa dégringolade. Il est actuellement de 30,84 millions de b/j malgré cette décision alors que le baril a finalement regagné près de 20 dollars en six mois. «Nous espérons fortement qu'une nouvelle alliance entre l'Opep et d'importants autres pays exportateurs de pétrole permette de stabiliser le marché (à un baril à 100 dollars, Ndlr), non seulement pour ce semestre, mais aussi pour les années qui viennent», a déclaré vendredi le président vénézuélien Nicolas Maduro à l'issue d'une réunion avec l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Pas question pourtant de crier victoire à une envolée des cours de l'or noir. Les prix du pétrole continuent à être plombés par une offre abondante, malgré un recul notoire de la production américaine et un déclin des puits de forage en activité aux Etats-Unis. L'Agence internationale de l'énergie, qui défend les intérêts des pays consommateurs occidentaux se positionne et annonce la couleur. «Il serait prématuré de suggérer que l'Opep a gagné la bataille des parts de marché. Au contraire, cette bataille vient juste de commencer», écrit l'AIE qui souligne que le cartel profite de la baisse des prix du pétrole pour «intensifier sa production et investir de manière agressive dans ses futures sites de production». Cela veut-il dire que l'on se dirige vers un maintien du plafond de production de l'Opep? «Le 5 juin prochain, lors de sa réunion, c'est le maintien des quotas qui est attendu», Sandrine Cauvin, gérante Energie et Actions internationales chez Turgot AM. Comme il est peu probable que le baril réagisse à la hausse à une pareille décision, il est à parier que les empoignades seront chaudes. Les pays qui ont souffert de l'effondrement des prix du pétrole ne sont pas prêts à signer leur arrêt de mort. Les ministres des 18 pays membres de l'Association des producteurs de pétrole africains (Appa) dont l'Algérie, réunis à Abidjan en Côte d'ivoire avaient appelé le 3 avril dernier à soutenir «la création d'une plateforme (...) afin de réduire la production pétrolière et de stabiliser le marché pétrolier». Que décidera l'Opep? Les paris restent ouverts.