Bouteflika tient son 1er Conseil des ministres de 2015 Comment assurer un Ramadhan serein et clément en termes de prix et de disponibilité des produits, si ce n'est par des mesures à même d'apaiser une certaine anxiété sociale. La réunion du Conseil des ministres présidée hier, par le chef de l'Etat revêt un cachet spécial dans la mesure où elle a été exclusivement consacrée aux questions sociales: les rentrées scolaire et universitaire et les mesures prises par le gouvernement pour le mois de Ramadhan. Cette rencontre ministérielle qui intervient quelques jours après un profond remaniement qui a touché une dizaine de départements ministériels, donnera le cap social à un gouvernement. Le mois de Ramadhan a été l'un des dossiers-clés de ce Conseil et le président Bouteflika a instruit ses ministres, notamment ceux du Commerce, de l'Agriculture et de l'Intérieur de mobiliser toutes les ressources afin dassurer un mois de Ramadhan clément dans un contexte économique des plus sombres depuis ces dix dernières années. La chute «chronique» des prix du baril a complètement plombé la feuille de route du gouvernement qui jusque-là ne veut pas entendre parler d'austérité, un mot d'ailleurs banni dans la terminologie gouvernementale. Qu'à cela ne tienne! La contraction des recettes budgétaires due à la chute des prix du pétrole met les finances publiques sous pression. Si les contraintes économiques imposent au gouvernement une certaine austérité budgétaire, il sera contraint de reporter son plan de rigueur après ce mois de grande consommation. Comment assurer un Ramadhan serein et clément en termes de prix et de disponibilité des produits, si ce n'est par des mesures à même d'apaiser une certaine anxiété sociale. Le dispositif de solidarité nationale touchera près de 1,7 million de personnes durant le mois de Ramadhan 2015, indique le communiqué du Conseil des ministres. Ce dispositif public de solidarité nationale comprend des aides aux familles nécessiteuses, notamment des colis alimentaires, des aides financières et des repas servis durant toute la durée du mois de Ramadhan, précise la même source. Les colis alimentaires dont la distribution est prévue, à travers l'ensemble du territoire national, à une semaine du mois sacré, concernent essentiellement les denrées alimentaires. Selon la ministre, l'évaluation prévisionnelle de l'enveloppe financière dédiée au financement de l'opération de solidarité durant le Ramadhan est estimée à plus de 8 milliards de DA. Une générosité qui sera accordée avec des coups de pincements au coeur pour le nouveau grand argentier du pays, qui verra les équilibres budgétaires encore une fois malmenés. La situation est d'autant plus critique que le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis) n'annonce pas de bonnes nouvelles de ce côté. Selon le Cnis, la balance commerciale de l'Algérie a enregistré un déficit de 4,32 milliards de dollars durant les quatre premiers mois de 2015, contre un excédent de 3,4 milliards de dollars à la même période de 2014. Une situation qui doit faire trembler les préposés aux finances algériennes. En d'autres termes, nous ne sommes plus dans l'élaboration des stratégies, des suppositions ou des scénarii: nous sommes dedans, en plein dans la crise! Entre le 1er janvier et le 30 avril 2015, les exportations se sont établies à 13,4 milliards de dollars (mds usd) contre près de 22,72 mds usd à la même période de 2014, soit une baisse de plus de 41%, indique le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis). L'un dans l'autre, il va falloir donner le cap aux secteurs les plus budgétivores à savoir l'enseignement supérieur et l'Education nationale qui englobent à eux seuls près de 11 millions d'Algériens entre les élèves, les étudiants et le corps enseignant tous paliers confondus. Un véritable défi auquel le gouvernement doit s'atteler dès maintenant pour parer à tout dysfonctionnement préjudiciable. Pas d'austérité pour l'école Le président a chargé le gouvernement de dégager une enveloppe budgétaire supplémentaire pour la réparation des établissements scolaires souffrant de dégradations. Le chef de l'Etat a également décidé, la reconduction durant la prochaine année scolaire, de l'ensemble des mesures de solidarité nationale déjà appliquées les années précédentes au profit des élèves des familles démunies. Le Conseil des mini-stres, qui a entendu et débattu une communication de la ministre de l'Education nationale relative aux préparatifs de la prochaine rentrée, a indiqué que cette nouvelle rentrée verra les différents paliers de l'Education nationale accueillir plus de 8,5 millions d'élèves, soit près de 150.000 élèves en plus par rapport à l'effectif actuel. A cet effet, le secteur a programmé la réalisation de nouvelles infrastructures, dont 562 écoles, 231 CEM et 276 lycées, ainsi que 156 cantines scolaires, 108 demi-pensions et 23 internats, a précisé le communiqué, ajoutant que la livraison de ces infrastructures mobilise le concours de plusieurs autres secteurs, dont ceux de la construction et des collectivités locales. Parallèlement, il sera procédé au recrutement de 19.000 agents par le secteur de l'Education nationale, dont plus de 10.000 destinés à l'encadrement pédagogique. A l'enseignement supérieur aussi... Le corps d'enseignants universitaires, sera par ailleurs soutenu par le recrutement de 4600 nouveaux enseignants qui viendront en appoint à l'encadrement pédagogique qui totalise actuellement 52.500 enseignants universitaires, dont près de 5500 professeurs et plus de 11.500 maîtres de conférences. En outre, et au plan de l'hébergement, l'année universitaire enregistrera la réception de 50.000 nouveaux lits, ce qui portera la capacité globale à près de 680.000 lits, répartis sur 394 résidences universitaires. Quelque 1,5 million d'étudiants universitaires seront accueillis pour l'année pédagogique 2015-2016 par les établissements de l'enseignement supérieur, en hausse de 200.000 étudiants par rapport à l'année en cours. Notons enfin que c'est le premier Conseil des ministres de l'année 2015 depuis celui de décembre 2014 et qui avait pour thème la loi de finances 2015. Nouveau découpage administratif Dix wilayas déléguées pour le sud Dix circonscriptions administratives seront créées à travers plusieurs wilayas du sud du pays, qui seront dirigées par des walis délégués, placés sous l'autorité des walis territorialement compétents. Cette décision a été prise hier, lors de la réunion du Conseil des ministres, présidé par le président Bouteflika, qui a examiné et adopté deux décrets relatifs aux circonscriptions administratives à créer au sud du pays. Ainsi, un décret présidentiel dispose la création de dix circonscriptions administratives à travers les wilayas d'Adrar, de Biskra, de Bechar, de Tamanrasset, de Ouargla, d'Illizi, d'El Oued et de Ghardaïa. Ces circonscriptions administratives seront dirigées par des walis délégués, placés sous l'autorité des walis territorialement compétents, a précisé le communiqué du Conseil des ministres. En outre, un décret exécutif attribue à la circonscription administrative les structures nécessaires au bon accomplissement de sa mission, et la renforce par un Conseil de concertation et de coordination avec les élus locaux concernés, ajoute le communiqué. Ce nouveau dispositif administratif, qui «sera immédiatement mis en oeuvre à travers les wilayas du Sud, sera étendu en 2016, à travers des wilayas des Hauts- Plateaux». A l'issue de l'examen de ce dossier, le président de la République a ordonné au gouvernement «de doter ces nouvelles circonscriptions administratives de toutes les ressources humaines nécessaires pour garantir le bon accomplissement des missions qui leur sont dévolues».Il a également demandé qu'une «attention particulière» soit accordée à la promotion de l'investissement à travers les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, «lesquelles bénéficient déjà de conditions particulièrement avantageuses à cet effet». Le chef de l'Etat a ajouté que c'est par «des investissements à la hauteur des multiples opportunités disponibles dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux que sera davantage satisfaite la demande d'emplois dans ces contrées, renforcée aussi la diversification de l'économie nationale, et concrétisée davantage la politique nationale d'aménagement du territoire».