Le FLN est un parti où l'odeur des cadavres sent bon. Elle excite l'appétit de la course au sommet, un vrai carburant pour le pouvoir. Déception totale des opposants à Amar Saâdani. Tel un couperet, le verdict est tombé hier. Le tribunal administratif d'Alger a rejeté «dans le fond et dans la forme» la plainte déposée par les contestataires de la tenue du Xe congrès du FLN. Une victoire retentissante pour l'actuel secrétaire général du parti, qui doit jubiler aujourd'hui à l'ouverture des travaux du congrès à la Coupole du complexe Mohammed-Boudiaf du 5-Juillet. Pour la deuxième fois consécutive en 24 heures, Dame justice a tourné le dos aux contestataires du FLN. Avant-hier, le même tribunal a débouté le groupe de Abderrahmane Belayat qui a introduit une plainte en référé pour l'annulation de la réunion du comité central qui s'est bel et bien tenue hier. Que reste-t-il maintenant aux opposants? Rien ou presque. La douleur dans l'âme ils vont assister de loin au déroulement des travaux d'un congrès auquel ils n'auront pas droit d'accès. Ils doivent constater combien est douloureuse l'exclusion et combien sont moches et pathétiques les scènes d'applaudissement à l'unisson dans une salle archicomble et acquise à la voix du maître. Tous ces opposants d'aujourd'hui à Saâdani ont eu à fomenter ce genre d'opérations et de spectacles au sein du vieux parti. «Nous allons attaquer sur d'autres flancs, nous savons nous battre au FLN», lâche Abderrahmane Belayat. Pour le sénateur Salah Goudjil «ce congrès ne sera pas celui du FLN». Il estime que la dérive «est telle qu'elle menace le parti dans son existence». Les contestataires vont-ils baisser les armes? Face au rouleau compresseur Saâdani, ils ne comptent pas baisser les bras. Certains se font l'écho de la volonté de préparer un congrès parallèle du parti. Ils soutiennent que même si la justice valide la tenue de ce congrès, «les militants ne vont pas accepter un tel coup de force». Ils envisagent de le préparer, conformément aux statuts du parti. Voilà ce qui va faire sourire Saâdani impassible sur son trône. La voie est donc grande ouverte devant l'homme fort du FLN qui tiendra son congrès et qu'importe si le contexte est explosif. Le secrétaire général du FLN a indiqué que le congrès aura comme slogan «Renouveau et rajeunissement», car dit-il, il était temps de remettre le flambeau à la jeunesse ainsi qu'à la femme soulignant l'impératif du renouvellement. Sauf que pour le moment, on a vu aucun jeune participer à cette bataille acharnée entre les militants. Les jeunes n'ont droit à aucun chapitre, que ce soit celui de la guerre ou du butin de cette guerre. Censé recoller les morceaux d'un parti usé par les crises à répétition et les mouvement de redressement, le Xe congrès du FLN est aux yeux de nombreux observateurs, une autre occasion ratée pour une réconciliation interne. Le fossé s'élargit désormais entre les Abada, Belayat, Goudjil et Belkhadem, d'un côté et de l'autre, le puissant groupe de Saâdani décidé à aller jusqu'au bout de sa logique. En tout cas, cette crise accentuera davantage les clivages entre les militants et surtout les fragilités entre les différents clans au sein du parti. Mais, à coup sûr, cela n'entraînera pas une révolution. Comme des chaises musicales, ce sera tout au plus un changement de postes et de rôles dans la symphonie politique nationale. La certitude est que cette crise traduit les dissensions au coeur du système. Un crise du FLN n'est jamais une simple dispute entre les militants. L'histoire du FLN n'a jamais été un fleuve tranquille. Le parti a toujours été traversé par des crises, des rebondissements et des retournements de situations inattendus. Et a chaque fois, le parti a «bouffé». Boulimique, le FLN est un parti où l'odeur des cadavres sent bon. Elle excite l'appétit, un vrai carburant pour la course au pouvoir.