La figure emblématique de la révolution algérienne s'est éteinte hier à l'aube à l'âge de 78 ans. La moudjahida Djamila Bouazza, une de ces figures emblématiques qui ont marqué la révolution algérienne, s'est éteinte vendredi à l'aube à la clinique El Azhar d'Alger, a appris l'APS auprès de ses proches. La défunte, âgée de 78 ans, hospitalisée samedi dernier à minuit, a rendu l'âme hier matin, «épuisée par la vie», a indiqué à l'APS, son mari Boussouf Abboud. Djamila Bouazza fut en 1957, la première condamnée à mort avec sa compagne de lutte, l'icône Djamila Bouhired, par le tribunal militaire français. Cette dernière, qui avait recruté Djamila Bouazza, lui avait fourni les bombes qui explosèrent à Alger le 9 novembre 1956, à la rue Michelet (Didouche-Mourad aujourd'hui) et le 26 janvier 1957, au Coq hardi à la rue Charles Péguy (Emir Abdelkrim El Khattabi aujourd'hui) située tout au début de la rue Didouche Mourad. Ces attentats, faut-il le rappeler, étaient une réponse aux multiples assassinats génocidaires perpétrés sans vergogne contre des citoyens algériens sans distinction d'âge ni de sexe, y compris des enfants innocents dans la basse-Casbah, par la triste organisation criminelle la Main rouge. Lors de son procès, Djamila Bouazza s'était comportée de façon «fantasque» et avait multiplié les excentricités devant le tribunal militaire colonial. Maître Vergès fit valoir que Djamila Bouazza était atteinte de folie et que donc le verdict de condamnation à mort de Djamila Bouhired était inique et criminel puisque le tribunal l'avait condamnée sur le seul témoignage d'une «folle». Or le 22 juin 1957, Djamila Bouazza écrivit, depuis sa prison, à Rachid Hattab une lettre dont un extrait montre que «sa folie fut préméditée et faisait partie d'une stratégie destinée à berner et à ridiculiser la justice française» de l'époque. Née en 1938 et surnommée par les étudiants «pieds-noirs» qu'elle fréquentait, alors étudiante, «Miss cha cha cha», Djamila Bouazza milita pour le FLN et était employée au Centre de chèques postaux d'Alger. Elle fut membre du «réseau bombes» de Yacef Saâdi et fut accusée durant la bataille d'Alger d'avoir posé une bombe au bar Le Coq hardi, le 26 janvier 1957, par le Tribunal permanent des forces armées coloniales d'Alger. La date et le lieu de l'inhumation n'ont pas encore été communiqués par ses proches.