«Il faut en finir avec les pratiques des années 70 et 80». Le ministre des Finances, M.Abdelatif Benachenhou, a commencé son intervention devant les députés de l'APN par cette déclaration: «La situation financière du pays va bien.» Attendu de pied ferme par les députés pour s'expliquer sur un certain nombre d'articles de la loi de finances 2005, Benachenhou avec son air grave habituel, chiffres à l'appui, s'étalera longuement à expliquer combien il est impératif de continuer les réformes économiques pour préserver les équilibres régionaux dans l'économie nationale mais surtout afin de reconquérir les marchés intérieurs. «Il faut en finir avec les pratiques des années 70 et 80», lance le grand argentier du pays à l'adresse des députés qui avaient souligné auparavant tout le danger que représentent certains articles du projet de loi de finances 2005 pour les citoyens et surtout les plus défavorisés d'entre eux. Le ministre des Finances, dont l'intervention a duré jusqu'à 1 heure du matin (nuit de samedi à dimanche), a estimé que le débat général sur les dispositions du projet de loi de finances 2005, aura donné lieu, au moins ,à sept points de convergence entre les députés et le gouvernement et à autant également de situations discordantes. Il s'agit, d'après lui, de la nécessité de poursuivre les réformes économiques, la modernisation du système bancaire, l'allègement continu de la dette extérieure, le financement public des grandes infrastructures de base, l'incitation à l'investissement et à la création d'emplois et enfin l'urgence de veiller à l'équilibre régional de l'activité économique. Concernant la politique de l'emploi et les préoccupations des députés sur le «désengagement de l'Etat», M.Benachenhou indiquera que le fait que le gouvernement consacre une enveloppe de plus en plus conséquente au budget d'équipement à partir de 2005, prouve que cela vise à créer un maximum d'opportunités d'emploi et du coup faire reculer la misère. A propos justement de la misère de pans entiers de la société comme cela a été soulevé avec force détails par les élus du peuple, M.Abdelatif Benachenhou tout en reconnaissant qu'il existe des pauvres à travers toute l'Algérie, soutiendra néanmoins que les revenus des Algériens sont en constante augmentation en se basant sur des chiffres fournis par l'ONS qui montrent qu'en 1998, le taux de pauvreté était de 6,4% pour atteindre 9,9% en 2003 et que l'épargne des particuliers dans les banques publiques qui était de 501 milliards de dinars en 2000 a grimpé pour atteindre 841 milliards de dinars en 2004. L'on remarquera seulement ici que 45% des épargnants et des comptes sont inscrits à Alger et trois autres wilayas limitrophes. La question, s'interroge Benachenhou, est de savoir pourquoi autant d'épargne des Algériens est concentrée dans les quelques wilayas sus-citées? A ceux qui reprochent à Benachenhou de vouloir instaurer une politique d'austérité monétaire, le ministre répondra que tout l'argent de l'Etat est au niveau du Trésor et que la dette extérieure algérienne reste toujours très élevée et avec des taux d'intérêt tout aussi importants. «Savez-vous que nous avons remboursé pour un seul pays en l'espace de six ans l'équivalent de 15 hôpitaux comme celui construit récemment à Oran», rappellera sèchement M.Benachenhou en indiquant que notre pays reste vulnérable parce qu'on n'exporte que les hydrocarbures. Aux interrogations des députés qui s'interrogent pourquoi le gouvernement établit le budget de l'Etat, encore une fois, sur un prix du pétrole de 19 dollars au moment où ce dernier atteint plus de 50 dollars sur les marchés mondiaux, le grand argentier du pays a répondu sèchement qu'il faut rester prudents et ne pas oublier la période de 1988 et 1993, où l'Algérie à cause d'une mauvaise gestion des deniers publics n'arrivait même pas en ce temps-là à acheter du blé pour la population. «C'est une question de préservation de la souveraineté nationale», soulignera M.Benachenhou pour qui, un pays qui ne dispose que d'une seule source de revenus est un pays très vulnérable. La stratégie globale de l'économie du pays se résume en quelques mots selon lui, l'économie de marché est inévitable après la levée des contraintes douanières et cela va bénéficier uniquement aux entreprises performantes. C'est pour cela, insistera-t-il, qu'il faut impérativement inciter les entreprises algériennes à entrer dans la concurrence afin de reconquérir les marchés intérieurs. Enfin, notons que la prochaine session de l'APN aura lieu dimanche 7 novembre et la loi de finances 2005 sera soumise au vote des députés le lendemain soit le lundi 8 novembre 2004.