Ce sont des aventuriers, des noctambules curieux, non des pilleurs, proteste l'avocat des touristes. Les avocats des cinq touristes allemands condamnés, avant-hier, par le tribunal de Djanet, pour «vol d'objets archéologiques protégés», comptent faire appel dans les huit jours qui suivront la condamnation, a-t-on appris de sources diplomatiques. La même source précise que la «lourde condamnation» a été motivée soit par des pressions politiques, soit par le fait que tout le monde y avait vu un nouveau rapt perpétré par le groupe salafiste. «Ce sont des aventuriers, des curieux mais pas des pilleurs, et encore moins des vandales», souligne leur avocat, Me Bouchaïb. En fait, il faut tout d'abord relever que pour une affaire relevant du fait divers, la comparution des cinq Allemands devant une juridiction algérienne a largement débordé de son cadre. Terrorisme, politique, brigandage et suspicion ont largement émaillé cette affaire qui avait débuté par une présomption de rapt terroriste, un remake petit format de ce qui s'était passé en mars 2003 avec l'enlèvement de 32 touristes européens, dont 15 Allemands, qui ne seront relâchés que cinq mois plus tard au nord de Kidal, au Mali, au terme d'une abracadabrante course-poursuite. Retrouvés cinq jours après leur escapade, les Allemands sont fouillés et des objets préhistoriques, propriété du Tassili du Reg oriental, sont trouvés sur eux. Dès lors, ils sont rapidement présentés devant le procureur de la République près le tribunal d'Illizi qui les inculpe pour le chef d'inculpation de «vol d'objets archéologiques protégés». Le chef des randonneurs, Hellmeler Ernest, était venu plusieurs fois en Algérie et n'avait jamais eu de démêlés avec la justice algérienne, au contraire, c'est lui qui a convaincu l'équipe qui l'a accompagné de visiter l'Algérie. Certains connaisseurs du désert pensent qu'il faut plutôt parler d'achat que de vol, car de vastes réseaux de trafic d'objets d'art, de pièces archéologiques se sont développés, ces dernières années, et qui incitent ethnologues, anthropologues et autres curieux et aventuriers de venir au Tassili faire le plein en déboursant en contrepartie une bagatelle. Certaines sources sécuritaires y ont même vu un autre jeu d'ombres, qui voudrait que les cinq touristes arrêtés se seraient glissés en territoire algérien pour suivre la trace de leurs compatriotes kidnappés, il y a vingt mois déjà. L'objectif est de voir de près si c'était réellement un rapt ou une manipulation. D'où toute la suspicion qui a entouré l'affaire depuis son commencement...