Nazim Hikmet, le plus grand poète turc de son époque, inconnu dans son pays de son vivant, réhabilité sur scène par la pièce D'exil en exil. Nazim Hikmet, ses oeuvres étant interdites de publication, mais largement connues et célébrées à l'étranger, D'exil en exil est justement une pièce théâtrale qui le réhabilite sur la scène internationale d'abord. Une pièce théâtrale de la compagnie suisse Ad Hoc qui a mis en scène sous forme de «théâtre musical» l'oeuvre théâtrale des textes de Nazim Hikmet, le plus grand poète turc de son époque, qui a passé la grande partie de sa vie entre exil et prison. Pensée en 2008 et mise en scène en 2009, année qui coïncide avec sa réhabilitation par les autorités officielles turques après avoir été déchu de sa nationalité de son vivant. Une oeuvre théâtrale de haute facture jouée par Mathieu Chardet accompagné par des compositions originales de la musicienne Ayser Vançin à l'aide d'un hautbois et du piano. Une muse, enfin, qui a inspiré le poète sur scène. La trame de ce spectacle suit les traces de la vie du poète, un militant engagé et même parfois enragé contre le pouvoir dictatorial turc. Il a passé près de la moitié de sa vie d'adulte dans les prisons turques, et pratiquement le reste du temps en exil à Moscou, ou en sillonnant quelques autres contrées à travers le monde. Le spectacle a mis en relief son parcours et ses principes à travers de beaux poèmes à l'instar de celui qui fixe ses principes pour montrer son combat qui n'a jamais fléchi. «Etre captif n'est pas la question...mais il s'agit de ne pas se rendre...» ou l'autre relatif à la vie «Est-ce que je dois être le soleil, ou plutôt la mer, le nuage ou le bateau ce poisson dans l'eau et plutôt cette algue qui nage au fond...non...il faut être la mer avec son nuage, son bateau, son poisson et son algue à la fois...», ou encore celui écrit à la prison «Que c'est beau de penser à toi, d'écrire pour toi, de penser à toi couché sur le dos en prison....Que c'est beau de penser à toi: à travers les rumeurs de mort et de victoire, en prison alors que j'ai passé la quarantaine...», un poème dédié à sa patrie, sa Turquie qu'il n'a jamais revue...La pièce relate aussi son profil de militant infatigable des causes justes, un militant sans frontière «mes frères en dépit de mes cheveux blancs je suis asiatique, en dépit de mes yeux bleus je suis africain...80% des miens ne savent ni lire ni écrire...»... Nazim Hikmet, déchu de sa nationalité, mourra à Moscou, en 1963, citoyen polonais. Son crime, c'est d'avoir cru en ses idées communistes, de militant internationaliste qui n'a jamais cessé de croire à un autre monde, un nouvel ordre mondial où régnera la paix et la justice sociale, où la condition humaine sera au dessus de tout... un monde où chacun, chaque être où qu'il soit...vivrait dans la dignité...» Mathieu Chardet termine sa pièce sur l'air de la mythique chanson Vava Yenouva de Idir, par l'appel universel lancé par Hikmet quelque temps avant sa mort: «Restez en paix mes amis...je m'en vais...je vous laisse tout ce que j'ai écrit...transmettez-le aux enfants du monde...»