Il est tout à fait clair que Washington ajoute foi à la «percée algérienne». En quatre ans et trois manoeuvres militaires avec des forces de l'Otan, l'Algérie affiche clairement ses prétentions de jouer un rôle majeur dans la Méditerranée et au plan régional. Selon un officier des forces MCMForsouth, en Algérie depuis quatre jours, «les potentialités humaines de l'Algérie, sa position géostratégique, l'importance et la superficie de son territoire, ses dispositions actuelles et son expérience exceptionnelle dans la lutte antiterroriste ont été autant d'atouts qui ont poussé l'Otan à justifier le choix algérien». Depuis 1999 et la première visite officielle algérienne au siège de l'Otan, à Bruxelles, trois manoeuvres militaires avec des forces combinées ont eu lieu en Méditerranée. Il est évident que les Etats-Unis, hégémoniques au sein de l'Otan, ont donné le coup de pouce à la percée algérienne dans la région, au détriment d'autres pays. Pour Washington, et depuis septembre 2001, il y a cette incommensurable crainte d'être encore la cible d'attentats terroristes, et pour l'administration Bush, la notion «zéro mort» devenant absurde, l'impératif est d'assurer sa propre sécurité loin, très loin de ses côtes. Depuis cette date, humiliante, cruciale et déterminante pour Washington, près de 60.000 bateaux ont été interceptés et interrogés par les forces de l'Otan, alors que 75 autres ont été interpellés et 500 escortés: c'est l'opération «Endeavour». L'escale de l'Otan en Algérie permettra de renforcer les liens de coopération entre l'Otan et l'Algérie à travers les diverses manoeuvres programmées entre l'Algérie et la Mcmfs. Pour sa part, le chef d'état-major de cette force, le commandant Neil Hudson, a précisé que la Mcmfs est une force d'intervention rapide que ce soit en Méditerranée, en mer Rouge ou en mer Noire. Cette force maritime a, entre autres, comme missions d'«assurer la surveillance sous-marine ainsi que la circulation maritime, notamment celle des bateaux de marchandises dans le Bassin méditerranéen. Elle participe également dans les activités organisées par l'Otan, à travers sa présence dans les exercices communs afin de promouvoir les relations de coopération entre les pays formant l'Otan. Le détachement naval, relevant de la force de lutte contre les mines du sud de l'Europe (Mcmfs/Otan) est composé de trois dragueurs de mines et d'une frégate représentant l'Italie, l'Espagne et la Turquie, restera à Alger jusqu'à jeudi s'agissant du programme des activités tracées dans le cadre du dialogue méditerranéen pour l'année 2004. Cette escale s'achèvera par une manoeuvre au large des côtes algériennes comprenant des «manoeuvres tactiques» à laquelle participeront des unités des forces navales et aériennes algériennes. L'armée algérienne, déjà appuyée par des experts militaires américains, sera elle aussi, et loin des côtes, appelée à jouer un rôle d'aide humanitaire et de maintien de l'ordre, soit sous l'égide de l'ONU ou de l'Otan. Les tensions qui secouent les pays du Sahel sont certainement un bon motif pour Washington d'en appeler à l'aide de l'armée algérienne.