L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental y séjournera pendant 10 jours pour tenter de réunir autour d'une même table Marocains et Sahraouis. Une mission casse-cou pour le diplomate américain. Il aura très probablement face à lui des interlocuteurs marocains, revêches et revanchards, qui n'ont cessé de lui mettre des bâtons dans les roues au point de lui retirer leur confiance au mois de mai 2012 et qui lui ont signifié il y a à peine quelques jours qu'il était persona non grata à El Aâyoune (capitale occupée du Sahara occidental). «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait décrété le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE en marge de la visite du monarque alaouite à El Aâyoune où il avait célébré le 40ème anniversaire (le 6 novembre 2015, Ndlr) de l'invasion du Sahara occidental. Sans succès. «Ross a le droit de se rendre au Sahara occidental», lui a rétorqué le 9 novembre, à l'issue d'un point de presse, le porte-parole du SG de l'Organisation des Nations unies, Martin Nesirky. Le représentant personnel du secrétaire général reprend donc son bâton de pèlerin après cette mise au point. D'où débutera-t-il son périple? «Le médiateur de l'ONU aura des discussions avec les responsables du Maroc et du Front Polisario, et se rendra également en Algérie et en Mauritanie en leur qualité de pays observateurs du processus de paix au Sahara occidental», a indiqué à l'APS Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, qui a fait savoir que M. Ross rencontrera les dirigeants sahraouis le 27 novembre prochain à Tindouf. «Le nouveau périple de Ross pour tenter de déblayer le terrain pour de nouvelles négociations entre Rabat et le Front Polisario sonne comme un désaveu aux déclarations du ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mezouar, qui avait affirmé dernièrement que son pays refusait de traiter avec M. Ross.», a fait remarquer le diplomate sahraoui qui a révélé que «juste après cette tournée, l'émissaire onusien devrait tenir le 8 décembre prochain un «briefing» au Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental» tout en annonçant une probable visite du secrétaire général de l'ONU, M.Ban Ki-moon dans la région, programmée pour le début de l'année 2016. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies avait appelé au début du mois à «de véritables négociations» qui permettront au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. «J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs menés par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois», avait déclaré Ban Ki-moon, le 4 novembre, à partir de New York. «Sous ma direction, mon envoyé spécial Christopher Ross a intensifié ses efforts pour faciliter l'entrée des (deux) parties (Front Polisario et le Maroc) dans des négociations sans conditions préalables et de bonne foi afin de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» avait rappelé le SG de l'ONU tout en soulignant l'échec du processus de négociations mené sous son égide depuis 2007. «Je constate avec regret que les propositions de 2007 n'ont pas ouvert la voie à de véritables négociations auxquelles le Conseil de sécurité et moi-même avons appelé à plusieurs reprises», avait-il déploré tout en signalant que «la situation dans le Nord-Ouest de l'Afrique devient de plus en plus alarmante». Le souverain marocain a signifié un fin de non-recevoir à l'invitation du SG de l'ONU lors de son discours prononcé il y a trois semaines. Mis à part son projet de large autonomie, il ne veut rien entendre d'autre. «Comme je l'ai affirmé dans le discours de la Marche verte de l'année dernière, cette initiative est le maximum que le Maroc peut offrir», avait réaffirmé Mohammed VI. Christopher Ross fera-t-il plier le roi? Cela ressemble à une mission impossible.