L'instabilité menace toute la région Doigt sur la gâchette, les pays de l'Otan, qui, désormais, ont un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, attendent de pied ferme ce qui va sortir de la réunion d'Alger. Le 1er décembre prochain le destin de la Libye se jouera à Alger où la Tunisie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l'Egypte tiendront conclave. Cette réunion à laquelle se joindra le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, et qui verra également la participation de l'Union africaine (UA) et l'Union européenne (UE) sera un test crucial pour le règlement de la crise libyenne. Ou c'est un gouvernement d'union nationale ou c'est la porte grande ouverte sur un incommensurable chaos. C'est le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a lancé hier, un avertissement déguisé en exhortant les fractions libyennes rivales de Tripoli et Tobrouk à aboutir à un accord pour former un gouvernement d'union nationale, afin de stopper l'expansion du groupe Etat islamique (EI) dans ce pays. «Il faut permettre un accord intralibyen entre ces deux fractions qui se battent sinon ce sera la victoire de Daesh (acronyme de l'EI en arabe)», a-t-il dit sur la radio Europe 1, neuf jours après les attentats revendiqués par l'EI, qui ont fait 130 morts à Paris. La France encourage pour cela les pays de la région, de l'Algérie à l'Egypte, également exposés à la menace du groupe Etat islamique, à user de leur influence pour convaincre les Libyens de s'entendre, a-t-il dit. «La Tunisie est voisine, l'Egypte est voisine, l'Algérie est directement concernée, le Niger, le Tchad (..) Il faut que ces pays puissent organiser le forum nécessaire, avec le soutien des instances internationales et de l'ONU, pour permettre un accord intralibyen», a souligné Jean-Yves Le Drian. Il y a urgence (...). Daesh prend des territoires à partir de Syrte et essaie de descendre vers des ressources pétrolières», a-t-il ajouté. Directement concernée par la situation en Libye avec laquelle elle partage près de 1000 km de frontière, l'Algérie s'échinera évidemment à trouver une issue pacifique à cette crise. Mais en face, c'est le bruit de bottes et le vrombissement des avions chasseurs prêts à briser le mur du silence. La rencontre d'Alger de ce mois de décembre intervient dans un contexte international marqué par une coalition sans précédent contre l'organisation Daesh. En effet, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté avant-hier soir, une résolution appelant à l'action contre l'organisation autoproclamée «Etat islamique» (EI/Daesh), qui a été saluée par plusieurs pays, notamment l'Algérie qui a réaffirmé la nécessité d'une «réponse globale», appelant les pays à s'unir entre eux. La résolution proposée par la France et adoptée à l'unanimité permet à tous les Etats qui le peuvent à «prendre toutes les mesures nécessaires» pour lutter contre l'EI. On ne peut plus clair, il s'agit là d'un quitus pour une action armée contre cette organisation terroriste. A cet effet, les pays sont invités à «redoubler d'efforts et à coordonner leurs initiatives afin de prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement» par Daesh, ainsi que par d'autres groupes extrémistes associés à Al-Qaîda. A travers cette résolution, la guerre contre le terrorisme sous toutes ses formes est annoncée. L'initiative a été fortement bien accueillie par plusieurs pays notamment la Grande-Bretagne et la France qui ont salué «le vote», appelant à une amplification et une action décisive pour éradiquer Daesh. Les prochains jours ne seront pas de tout repos pour l'Algérie qui s'affaire déjà dans les coulisses. L'Algérie à travers le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a soutenu la résolution avant même son adoption. Dans une interview accordée au quotidien français Le Monde le Premier ministre Abdelmalek Sellal a estimé qu'aller aux Nations unies est la «meilleure solution», faisant référence à la proposition de la France. Nous pensons qu'il faut une réponse globale du monde civilisé face au phénomène Daesh.