Les JCC de Tunis ont livré leur verdict et ont consacré un film marocain L'orchestre des aveugles pour le Tanit d'or du plus ancien festival du Monde arabe. C'est le résultat aussi d'un bon lobbying du président du jury, le Marocain Noureddine Sail. Ce producteur et critique averti, a un faible pour ce film qui remet en scène les années du roi Hassan II. Noureddine Sail qui est connu pour son interventionnisme en coulisses a déjà aidé ce film à remporter le Grand Prix au Festival du film arabe d'Oran en juin 2015, quand ce film de Mohamed Mouftakir, n'avait que deux voix, c'est lui qui a appelé le président du jury le Libanais Ibrahim el Arris, pour lui demander de donner sa voix au film marocain. Noureddine Sail qui est connu pour son emprise sur les artistes, même si, (il n'est plus au pouvoir dans le cinéma marocain) a réussi à rééditer le même scénario à Tunis, barrant la route de la consécration aux deux films algériens: Madame courage de Merzak Allouache et Le Puits de Lotfi Bouchouchi. L'ancien directeur du Centre marocain du cinéma, a un contentieux avec l'Algérie. Un pays qu'il adore et qu'il déteste à la fois. Il fut un temps où il était accueilli mieux qu'un roi à l'hôtel El Aurassi, appréciant aussi bien sa vue sur la baie d'Alger que son vin. Il connaissait tout le monde du cinéma algérien, les Hamina, les Chouikh, les Yazid Khodja, tous les cinéastes algériens avaient un jour ou l'autre rencontré le Monsieur cinéma du Maroc. C'est lui qui avait autorisé les meilleurs cinéastes du Maroc à participer à la première édition du Festival du film maghrébin à Alger, alors que les relations diplomatiques entre Rabat et Alger étaient au plus mal, à cause de l'attaque contre le consulat d'Algérie à Casablanca. C'est à Cannes que l'opération a été montée, lors d'une rencontre entre un opérateur algérien impliqué dans l'organisation du Festival du film maghrébin à Alger et le président du CCM. Devant le refus des cinéastes marocains de venir en Algérie de peur de représailles, c'est Noureddine Sail qui a appelé par téléphone tous les cinéastes marocains, pour leur demander d'envoyer leurs films et de partir en force à Alger. Tout le gratin du cinéma marocain était là: Mohamed El-Aboudi, Yassine Marco Marroccu, Jalila Tlemci, Noureddine Lakhmari, Nabil Ayouch, Selma Bargach et Omar Mouldouira. Résultat: le Maroc remporta tous les prix qui étaient en compétition dans ce festival, ce qui a étonné Noureddine Sail qui était déjà embrouillé avec la ministre de la Culture de l'époque Khalida Toumi. Cette dernière avait interdit à Noureddine Sail de venir en Algérie ou de coopérer avec les institutions cinématographiques algériennes. Si tous les cinéastes marocains étaient les bienvenus en Algérie, il était le seul à ne pas être invité dans les festivals en Algérie. Il n'a assisté à aucune édition du Festival du film arabe d'Oran, un festival où les cinéastes marocains ont été très bien accueillis quelle que soit la température des relations entre l'Algérie et le Maroc. Mais au-delà des relations avec l'Algérie, l'ancien directeur du CMC avait un sérieux contentieux avec certains cinéastes marocains. C'est le cas de Nabil Ayouch. Le président du jury des JCC n'a pas apprécié que le film Much Loved, soit placé par le directeur des JCC, alors que le réalisateur et producteur marocain n'avait jamais inscrit son film en compétition. C'est ainsi que le film Much Loved a été écarté de la course des Tanit pour ne bénéficier que du Prix du jury. Noureddine Sail qui n'est plus au Centre marocain du cinéma, a visiblement gardé toutes ses relations et sa capacité de nuisance dans le monde très spécial du cinéma arabe. [email protected]