Taxis, contrôleurs aériens, enseignants et fonctionnaires en grève: la France a été touchée hier par une forte mobilisation sociale en faveur d'une hausse du pouvoir d'achat, qui perturbait autour de Paris le trafic aérien et les transports. Les manifestations des taxis mobilisés pour protester contre la concurrence des voitures de transport avec chauffeur (VTC) ont donné lieu à quelques échauffourées en région parisienne. Une vingtaine de personnes ont été interpellées, tandis qu'un manifestant a été blessé, renversé par un véhicule, à l'aéroport d'Orly (sud de Paris). Le Premier ministre Manuel Valls, qui a reçu les chauffeurs en délégations à la mi-journée, a condamné ces violences «inadmissibles». Selon la préfecture de police, 1.500 taxis ont été comptabilisés sur différents sites en région parisienne, en particulier à Orly où quelques dizaines de contestataires ont organisé un filtrage sur une autoroute voisine, dans une ambiance électrique. Soutenus par des collègues espagnols, belges ou suisses, les taxis étaient aussi présents à l'aéroport de Roissy, au nord de la capitale, et dans Paris intra-muros à proximité du ministère de l'Economie. «Je suis taxi», «Stop macronisation» (allusion à la politique suivie par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron), «Macron démission», «Terrorisme économique», «Macron-Uber complices», «Loi non appliquée», «Halte à la déréglementation»: partout les slogans ciblent la loi Macron. Les incidents ont éclaté en début de matinée dans l'ouest de la capitale, où des taxis ont interrompu la circulation dans les deux sens sur le périphérique parisien et incendié des pneus qui dégageaient une épaisse fumée noire. Des milliers de chauffeurs de taxi étaient appelés à se mobiliser dans toute la France pour protester contre les «dérives» de leurs concurrents du secteur des VTC. «Aujourd'hui, c'est notre survie qui est en jeu, on en a marre des réunions, de négocier», a lancé parmi les manifestants Ibrahima Sylla, porte-parole de l'association Taxis de France. Les syndicats de la profession réclament une compensation pour l'activité plus réduite du secteur et dénoncent la baisse du prix des licences pour faire face à la concurrence de certains VTC qui ne respectent pas la loi et cassent les prix, selon ces organisations. «Avant, j'avais 10 ou 12 courses par jour, aujourd'hui je n'en ai que cinq ou six», a affirmé Rahim Edalat, taxi parisien depuis 20 ans. C'est «la pire année que j'ai jamais vue». La licence qu'il a achetée 238.500 euros en 2012 n'en vaut plus que 162.000 aujourd'hui, selon lui. Un précédent mouvement, en juin 2015, avait aussi été émaillé de violences. La grève des taxis coïncide avec un mouvement de grogne des quelque 5,6 millions de fonctionnaires, soumis à un régime de rigueur depuis juillet 2010 et que plusieurs syndicats appellent à manifester pour une hausse de leur pouvoir d'achat. Entre 110 et 120 manifestations étaient prévues partout en France, auxquelles devraient se joindre les enseignants, mobilisés contre une réforme des collèges d'enseignement du secondaire. Dans ce secteur de l'Education nationale, le ministère a fait état d'un taux de grévistes de 22,32% au collège et 12,24% dans le primaire. Les employés de la Sécurité sociale et de certains secteurs privés hospitaliers et associatifs comme l'aide à l'enfance, devraient également se joindre au mouvement, ainsi que les contrôleurs aériens. Hier à la mi-journée, la grève de ces contrôleurs affectait le trafic comme prévu, avec un vol annulé sur cinq, mais «aucune annulation à chaud», a déclaré un porte-parole d'Aéroports de Paris (ADP).Outre la baisse du pouvoir d'achat, les syndicats de fonctionnaires dénoncent «la perte d'emplois dans des secteurs-clés de la fonction publique». Ils font valoir que si des recrutements ont été annoncés pour 2016 dans les secteurs de la sécurité (police, gendarmerie, justice), depuis les attentats de l'an passé, et dans l'éducation, «la fonction publique a perdu globalement 150.000 postes depuis 2007» et réclament «des créations nettes d'emplois publics» notamment dans les hôpitaux.