La fidélité au président constitue leur dénominateur commun. Mais cette ligne politique semble aujourd'hui insuffisante pour sceller leur alliance devenue impossible. La guerre de tranchées entre les deux appareils de l'Etat(FLN et RND) a atteint son comble. La désunion est désormais permanente entre les deux partis depuis quelque temps. La rivalité entre le néo- FLN version Saâdani et le RND d'Ahmed Ouyahia se décline sous forme d'ambition et de repositionnement sur l'échiquier politique en prévision des futures échéances même si les législatives, les plus proches n'auront lieu que dans une année. Selon certains observateurs, l'enjeu fondamental de ces tiraillements politiques inévitables entre les deux béquilles du régime trouvent leur origine dans les ambitions de chacun de ces partis. La fidélité et l'allégeance inconditionnelle au président Bouteflika, constituent leur dénominateur commun. Cependant, cette ligne politique commune semble aujourd'hui insuffisante pour sceller leur alliance devenue presque impossible. Le désaccord déteint automatiquement sur le fonctionnement des institutions de l' Etat. Ces deux partis ne font pas semblant de se chamailler. La preuve: le Conseil de la nation est resté bloqué pendant près d'un mois autour de postes de vice-présidents, avant qu'on ne parvienne à un compromis à l'issue de négociations ardues. Ahmed Ouyahia a fini par céder sur le deuxième poste de vice-président du Sénat qui revient pourtant à sa formation. En revanche, l'obstination du patron du FLN, Amar Saâdani est restée tenace. Illustrant cette bouderie et des rapports émaillés par de vifs échanges d'hostilités, le RND accuse le FLN de faire dans le «racolage en encourageant la transhumance politique», mais notamment «de développer un discours politique qui prône la majorité partisane qui n'est consacrée ni dans la Constitution en vigueur ni dans celle à venir». Le clash est aussi illustré par le fait que le patron du RND n'a pas hésité à opposer une fin de non-recevoir à la sollicitation de rejoindre le Front de soutien au président lancé par Amar Saâdani, qui n'a de reste séduit que des micro-partis. L'offre d'Ouyahia de réactiver l'alliance présidentielle a essuyé le refus catégorique de Saâdani qui réclame la place de locomotive à son parti dans toute initiative. Cette rivalité augure d'une nouvelle ère dans la distribution des rôles. Contrairement à son rival, Saâdani qui présente son large front sous les contours d' une initiative du régime, fait un appel du pied à l'opposition. Durant les trois mandats précédents, les deux partis convergeaient sur presque tout et parlaient le même langage politique. Depuis 2014, la rupture est presque consommée. Alors que Saâdani insiste sur le concept de l'Etat civil, Ahmed Ouyahia parle d'un Etat de droit. Tandis que Saâdani, qui a recruté des ministres et des «walis» dans son comité central, crie sur tous les toits que le gouvernement est à majorité FLN, Ahmed Ouyahia ose le critiquer à demi-mot. Depuis son retour d'une longue éclipse estivale, Saâdani décoche sans cesse des flèches à l'encontre du directeur de cabinet de la présidence de la République. Il reproche à Ahmed Ouyahia son ambition supposée ou réelle de briguer l'investiture suprême. A ce propos, Saâdani avait affirmé clairement que «le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2019 sortira des rangs du FLN, lequel parti ne soutiendra aucun autre candidat, même s'il est issu du courant nationaliste duquel se réclament le FLN et le RND». L'annonce de Saâdani sonne-t-elle la fin du candidat de consensus qui unit les deux alliés stratégiques? Il semble que ce malentendu ne s'estompera pas de sitôt, dès lors, il faudra s'attendre à une guerre de tranchées encore plus féroce entre les deux frères ennemis, à l'approche des échéances électorales. Cela se produit alors que les deux partis sont condamnés à s'unir.