Avec la consécration de deux films Fatima, meilleur film, et Mustang, meilleur premier film: les Césars, récompenses du cinéma français, sont présentés par les médias français comme les champions de la diversité, critiquant l'attitude des Oscars américains pour n'avoir retenu que des acteurs blancs. Mais comment les médias français conçoivent-ils la diversité culturelle? Le film Fatima, qui est réalisé par un cinéaste français Philippe Faucon et produit par un Canadien dresse le portrait sensible et émouvant d'une femme de ménage d'origine maghrébine, qui élève seule ses deux filles. Le film a été sélectionné aux Césars parce que tout simplement, c'est une production française, qui a été de surcroît sélectionnée au Festival de Cannes. Hormis les comédiennes, le film est produit à 100% par la France, réalisé et monté par des techniciens français. Où est la diversité? En quoi parler de l'histoire d'une femme maghrébine est un soutien à la diversité? Pour aider la diversité, il fait soutenir et aider les comédiens et techniciens de la diversité. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Les Césars avaient récompensé à deux reprises Abdelatif Kechiche, parce qu'il avait un producteur français derrière lui, Claude Berry puis son fils Langman. Le film franco-turc Mustang, qui est une ode à la liberté racontant l'odyssée de cinq soeurs adolescentes en Turquie, a, quant à lui, reçu les Prix du meilleur premier film, du meilleur scénario, du meilleur montage et de la meilleure musique. Il ne doit sa sélection qu'au fait que Deniz Gamze Ergüven, le Franco-Turc était soutenu par un producteur français et que le film représente la France aux Oscars dimanche soir. Les Césars ne pouvaient pas ne pas récompenser un film français nominé dans la short-list aux Oscars, ce serait offrir des mauvais points pour les votants de l'Académie à Los Angeles. La diversité c'était de consacrer le film Indigènes, Hors la loi ou encore l'Ennemi intime de Florent Siri. Les Césars ont toujours donné du crédit aux films sur l'intégration, mais jamais des films qui ne cadrent pas avec l'histoire compliquée de la colonisation française. Beaucoup de cinéastes d'origine maghrébine qui travaillent en France durant des années n'ont jamais mis les pieds aux Césars, c'est le cas des cinéastes algériens installés en France depuis des années Okacha Touita, Abdelkrim Bahloul, Mehdi Charef, Mohamed Zemouri et j'en passe. Pour être aux Césars, il faut appliquer à la lettre la politique extérieure des lobbys du cinéma français: Ne pas critiquer la France, ne pas critiquer la politique française et surtout ne pas parler de la guerre d'Algérie. Et pour cela, il faut être accompagné par un producteur français qui applique à la lettre ces directives: Kechiche et Sissako l'ont bien compris? Rachid Bouchareb ne s'est pas laissé faire. Des films qui dénoncent le racisme ne sont jamais sélectionnés à ce genre de manifestation cinéma. C'est le cas notamment du premier film qui a dénoncé ouvertement le racisme en France Train d'enfer de Roger Hanin, qui a été interdit de diffusion sur les télévisions françaises et jamais nominé dans un festival en France. C'est cela la diversité en France. La diversité aux USA, c'est de réaliser le rêve américain, en offrant du travail à un cinéaste étranger. C'est le cas du cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu, qui réalisa son rêve américain, en décrochant l'Oscar en 2015 et qui est sur le point d'être multi-consacré en 2016. [email protected]