L'opposition est traitée de tous les noms par le FLN et le RND Cette nouvelle passe d'armes intervient alors que les préparatifs pour le deuxième congrès de l'Isco vont bon train. Entre les partis de la majorité et ceux de l'opposition, on ne s'échange pas que des amabilités. Les esprits s'enflamment à chaque sortie politique dans un camp comme dans l'autre; la guerre fait rage. Par tirs groupés, le patron du FLN, Amar Saâdani et le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, ne ratent aucune occasion pour charger l'opposition. Avec une incroyable légèreté, M.Saâdani a accusé l'opposition de trahison. Alors qu'il s'exprimait, dimanche dernier, lors d'une rencontre avec la jeunesse de son parti, il a soutenu que l'opposition favorise «l'ingérence étrangère en Algérie». De même qu'il a conseillé à «ces partis qui se réunissent dans des hôtels et des salons à s'intéresser aux questions fondamentales au lieu de focaliser sur le siège de la Présidence». Virus Il s'agit, selon Saâdani «des défis sécuritaires dans les zones frontalières et les défis à relever pour parer aux conséquences de la chute des cours des hydrocarbures et défendre le pays contre les manoeuvres des puissances étrangères, aux côtés de l'armée». Lors de son récent meeting à Skikda, Ahmed Ouyahia a comparé l'opposition à «un virus ou des perturbateurs, voulant investir dans le vent du printemps arabe». Pour l'opposition, «ces deux partis semblent vouloir criminaliser l'action politique, changer la nature des partis d'opposition en les transformant en formations d'allégeance au régime. Tout le monde sait que ceux -là, sont sans assises et bases populaires. Il est clair qu'ils sont déstabilisés par l'opposition de par ses propositions, ses actions sur le terrain et ses positions. Et puis, totalement absents, face à la crise multidirectionnelle et dangereuse qui guette le pays, en panne de perspectives, les chefs de ces partis cherchent des subterfuges en pointant du doigt l'opposition, car ils n'ont pas d'autre alternative, d'autres arguments que l'insulte gratuite, déplorable et stérile». De plus, souligne-t-on, «acculés et pris de panique, du fait de l'impasse dans laquelle ils se sont empêtrés, les représentants du régime tentent vaille que vaille de détourner les regards de la véritable crise du régime et de gouvernance en Algérie». Leurs attaques systématiques contre l'opposition qu'ils traitent de tous les noms d'oiseaux déclinées dans des discours révolus, traduisent «l'impasse dans laquelle ils se sont enlisés et leur tentative de faire diversion pour se délester un tant soit peu de la pression de la rue et de l'opinion publique face à leur incompétence et à l'échec flagrant de leur gestion et leurs politiques menées durant ces dernières années et mises à nu par le recul de la fiscalité pétrolière», indique-t-on encore. Pendant ce temps, l'Isco tente de se renforcer et gagner en crédibilité. L'instance qui a approuvé ces documents politiques préparatoires du deuxième congrès de l'opposition prévu le 27 mars prochain, tentera dès le début de ce mois de convaincre d'autres partis, notamment le FFS ainsi que d'autres personnalités à l'image de Mouloud Hamrouche et d'Ahmed Taleb Ibrahimi, de rejoindre ses rangs. A ce propos, le FFS, dont le discours s'est corsé ces derniers temps, n'a pas écarté l' éventualité de prendre part au deuxième congrès de l'opposition après l'examen et l'étude de l'offre de l'Isco. En parallèle, Saâdani annonce la réactivation de son initiative politique nationale, qui reste ouverte à l'adhésion du FFS, y compris des partis issus de l'opposition. Face à cette nouvelle escalade verbale, l'Instance de suivi et de concertation (Isco) a souligné hier dans son communiqué sanctionnant sa réunion tenue dimanche dernier au siège du mouvement Ennahda, que «la situation politique très inquiétante du pays se caractérise par un statu quo sans précédent et par la panique du régime devant tant de bouleversements et d'évolutions politiques et géostratégiques survenus sur les plans interne et externe, dont l'effondrement de l'économie nationale et la banqueroute financière». Une situation, qui, estime-t-on «n'est pas sans répercussions immédiates sur le plan social en ébullition sous le coup de boutoir de l'érosion du pouvoir d'achat et l'abandon de la politique sociale par le gouvernement ainsi que l'absence totale du développement durable longtemps annoncé en grande pompe par les autorités publiques». Fait accompli «L'entêtement du régime à imposer sa propre copie sur la révision de la Constitution au travers de sa logique du fait accompli, et son option de la faire passer par un Parlement souffrant d'illégitimité, en faisant fi de la souveraineté populaire et sans prendre en compte les retombées de la décomposition du front interne et les défis qui s'imposent sur les plans territorial, régional et international, autant de dangers qui guettent le pays, constituent un véritable saut dans l'inconnu.» L'instance considère qu' «à travers sa politique du fait accompli, ses décisions unilatérales par rapport aux questions engageant l'avenir de la nation, comme celle de faire supporter le déficit des revenus dû à la chute des prix du baril aux citoyens, le coup de force constitutionnel, le verrouillage du champ et de l'action politique, le piétinement de la liberté d'expression et la répression qui s'abat quotidiennement sur les militants des droits de l'homme et les syndicalistes, et les atteintes aux libertés, il a creusé davantage le fossé déjà abyssal séparant les citoyens des institutions de l'Etat, et a fait apparaître des facteurs de désintégration de la cohésion sociale». «La dévaluation de la monnaie nationale délabre redoutablement le pouvoir d'achat de la majorité des Algériens et accélère de fait l'avènement de troubles sociaux qui constituent une réelle menace sur la sécurité et la stabilité du pays», peut-on lire également. L'instance exprime «son inquiétude» face à l'affaiblissement du front intérieur au moment où de multiple dangers et tensions géostratégiques menacent l'Algérie.