Il n'a jamais été question que la majorité décide à la place du président. La FLN est-il multicéphale? Dans le fond peut-être pas, mais en apparence si. Surtout depuis l'arrivée à sa tête d'Amar Saâdani. En effet, à chaque fois que celui-ci fait une déclaration, ses pairs s'emploient soit à y apporter des correctifs, soit à la contredire. Dans sa relation avec ses collègues de la classe politique, c'est carrément la guerre, y compris avec «les soutiens du président». Dès qu'il lâche une cible, il vise une autre. Il ne rate aucune occasion de revendiquer le «rôle de locomotive de la scène politique nationale» de son parti, le FLN, et de dicter sa loi. Par cette façon de faire, en effet, la patron de l'ex-parti unique veut s'ériger en donneur de leçons et en maître absolu du jeu politique du pays. C'est dans cette logique qu'il s'est attaqué récemment à Louisa Hanoune avant de se rabattre sur Ahmed Ouyahia. Néanmoins, à en croire les déclarations du ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, Amar Saâdani n'en fait qu'à sa tête, ce qui laisse entendre que nul crédit ne doit être accordé à ses propos, encore plus quand il s'agit des prérogatives du président de la République. En effet, dans un passage à la Chaîne III de la Radio nationale, il a qualifié ses déclarations sur un éventuel remaniement gouvernemental de «pures spéculations». Sur ce point, Tahar Khaoua, tout en soulignant qu'«il s'agit d'une prérogative du président», a indiqué que les propos du secrétaire général du FLN ne sont que «spéculations», que «chaque parti nourrit des ambitions» et que les «ambitions peuvent aussi être personnelles». Selon Tahar Khaoua donc, l'annonce d'un remaniement gouvernemental au cours de ce mois de mars n'a aucun fondement. Concernant l'article 86 de la nouvelle Constitution, qui stipule que «le président de la République nomme le Premier ministre après consultation de la majorité parlementaire», Tahar Khaoua a affirmé que cet article a été «mal interprété par les auteurs de la spéculation», faisant indirectement allusion à Amar Saâdani qui, en s'appuyant dessus, revendique la chefferie du gouvernement. Pour lui, il n'a jamais été question que la majorité décide à la place du président. Il a expliqué, à ce sujet, que la majorité parlementaire ne se limite pas à un seul parti. «La majorité parlementaire est plus large que le groupe d'un parti. C'est au président de la République de fixer cette majorité parlementaire», a-t-il assuré. Selon lui, personne ne peut décider à la place du président de la composante du gouvernement et ce d'autant plus que l'article en question parle de la majorité parlementaire et non du parti majoritaire. Pour rappel, Amar Saâdani a déclaré récemment, lors d'une rencontre avec les étudiants de son parti, qu'un changement de gouvernement devrait se faire au cours du mois de mars». De plus, il a ajouté que c'est le FLN qui devrait le diriger. «C'est le FLN qui va diriger le prochain gouvernement», a-t-il affirmé avec certitude. Néanmoins, face à cette sortie du ministre d'obédience FLN chargé des Relations avec le Parlement, battant en brèche les déclarations du secrétaire général du parti, il est difficile de ne pas se poser des questions sur le vrai sens des positions d'Amar Saâdani. Celui-ci nourrit-il des ambitions personnelles? Utilise-t-il le parti, contre le gré de ses militants, pour atteindre des objectifs privés? Pas facile à affirmer, mais c'est tout le sens des déclarations de Tahar Khaoua.