S'il n'existe aucune loi qui contraint le pouvoir à cela, il y va de l'Etat de droit, et des nombreuses déclarations faites en ce sens. La désormais «affaire Ould El-Hocine» connaîtra-t-elle jamais son épilogue? La question est d'autant plus lancinante et, hélas, sans réponse, que le conseiller même du Président en matière de droits de l'homme a admis, ce jeudi, que cet ancien moudjahid, héros de la guerre de Libération, a fini par obtenir gain de cause, de haute lutte, face à l'Etat algérien. Seul hic, mais de taille, s'il faut retenir les propos de ce vieux routier de la justice algérienne: «Rien ni personne ne peut obliger l'Etat à appliquer les décisions de justice rendues à son détriment». Rendues, il faut le souligner, en toute probité, de manière définitive et exécutoire, au nom du peuple algérien. Interpellé sur cette affaire lors de son passage au forum d'El Moudjahid, le promoteur des droits de l'homme a donné des réponses ne prêtant guère à équivoque : «Je sais que M. Ould El-Hocine a raison. Je ne le sais que trop bien. Il y a une décision de justice définitive et exécutoire rendue en sa faveur. Le calvaire n'en continue pas moins, la raison en est toute simple. C'est l'Etat algérien qui a été condamné. Pas question d'employer la force publique contre l'Etat», explique Ksentini, aussi consterné que les présents, souhaitant que «le bon sens finisse par l'emporter». Un souhait pas tout à fait dénué de sens puisque la commission qu'il préside, installée personnellement par le Président, a reçu des rapports annuels concernant cette affaire, abondant tous dans le même sens. Lui-même, ancien avocat de Ould El-Hocine, Ksentini, du haut de ses nouvelles fonctions, persiste et signe: «Cet ancien officier de l'ALN a été privé de ses droits pendant plus de deux décennies. Il s'agit d'un cas douloureux, je le reconnais». Il n'est donc que temps que cela cesse. Il convient de rappeler que M.Ould El-Hocine, ancien officier de l'ALN, au niveau de la Wilaya IV, a été accusé «d'atteinte à la sûreté de l'Etat» au début des années 80 dans le cadre de la «chasse aux sorcières» lancé à l'époque contre de nombreux authentiques moudjahidine. Loin de s'arrêter en si bon chemin, Ould El-Hocine a été privé de son entreprise, n'appartenant pas à lui seul pourtant, sur la base d'une décision interministérielle. Depuis, il a été «blanchi» des lourdes et fausses accusations qui pesaient sur lui. Mais, pendant ce temps, son entreprise, placée aux mains de personnes qui semblent en avoir fait mauvais usage tout en découvrant l'ingéniosité des plaques de signalisation dès les années 60, continue de lui être refusée sans la moindre raison probante. La décision rendue par la justice suprême en 1997 est exécutoire et définitive. Le rapport rendu par l'expert désigné est on ne peut plus accablant. Non seulement M.Ould El-Hocine a été spolié de ses droits, mais en plus des agents de l'Etat, comme le confirment des témoignages faits par des responsables de la Gendarmerie nationale, ont commis de graves faux et usage de faux. Le courage de cet homme, qui force l'admiration, a déjà été constaté lorsqu'il a déposé plainte contre le président du Conseil d'Etat. Saisi de cette affaire en sa qualité de représentant des droits de l'homme pour le compte du Président, Ksentini souligne avoir transmis une copie de ce dossier accablant au premier magistrat du pays. Ce dernier, qui prône le retour de l'Etat de droit, gagnerait beaucoup à ce que cette affaire trouve un épilogue qui satisfasse le droit, la morale et la dignité de ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour ce pays.