La santé a un coût mais n'a pas de prix Le ministre de la Santé a été auditionné lundi par la commission parlementaire de la santé. C'est sur un fond de rationalisation des dépenses que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a été auditionné, lundi dernier, par la commission parlementaire de la santé, des affaires sociales, du travail et de la solidarité nationale du Conseil de la nation, en présence du ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua. L'intervention de Boudiaf s'est articulée essentiellement autour de l'avant-projet relatif à la santé, le Plan national de lutte contre le cancer et la couverture sanitaire des zones enclavées. D'emblée, le ministre a tenu à préciser qu'en 2015, pas moins de 47 chantiers ont été ouverts au niveau d'institutions sanitaires. Leur objectif premier est de se pencher sur la politique de gestion du secteur. 43 chantiers seront ouverts cette année pour les mêmes objectifs a-t-il indiqué, ce qui nécessite, selon lui, «l'implication de tous» pour réussir à appliquer le programme. Une nouvelle loi sur la santé est nécessaire pour remplacer celle promulguée il y a plus d'une trentaine d'années, qui a «montré ses limites», malgré les cinq amendements qu'elle a connus, a plaidé le ministre qui a regretté que «les objectifs escomptés» n'avaient pas été atteints, selon lui, d'où le besoin de recourir à une nouvelle loi sur la santé. Certes, a souligné Boudiaf, des «avancées considérables» ont été enregistrées durant cette période dont on relèvera la réduction du taux de mortalité maternelle lors de l'accouchement et des maladies transmissibles, mais la mutation démographique et les nouvelles situations épidémiologiques à l'échelle internationale ont changé la donne. Ce projet de loi a pour but de maîtriser au mieux les dépenses de la santé. La gratuité des soins, la solidarité et l'impartialité sont des principes qui seront réaffirmés dans ce projet. Fruit d'un long processus de réflexion, le projet sur la santé offre des solutions rationnelles à toutes les carences enregistrées jusqu'alors. Il devra atténuer la pression pesant sur les établissements sanitaires, sans toutefois remettre en cause les principes fondateurs du système national de santé. Il consolidera le droit du citoyen aux soins à travers l'élaboration d'une carte sanitaire devant intégrer le privé qui compte plus de 38 000 professionnels, et ce, en tant que secteur complémentaire au secteur public. Une institution d'évaluation des structures sanitaires est envisageable également dans ce nouveau cadre juridique basé sur une approche intersectorielle. Boudiaf a évoqué les maladies chroniques dont la prise en charge s'avère coûteuse pour le budget de l'Etat. Les chapitres des soins à domicile, la création des circonscriptions sanitaires, l'instauration d'équipes mobiles, la création d'un observatoire de la santé sont également prévus dans ce projet. A propos de l'industrie pharmaceutique, Boudiaf a tenu à préciser que le produit national couvre plus de 53% des besoins. «Nous n'avons pas de mauvais médicaments...Tous les médicaments produits localement subissent un contrôle rigoureux. Nous sommes le seul pays en Afrique et dans le Monde arabe qui ne souffre pas de contrefaçon dans ce domaine», a affirmé fièrement le ministre. Il regrettera cependant, le phénomène des importations frauduleuses de médicaments par «cabas» qui pourrait être une source d'inquiétude pour la santé publique. Selon Boudiaf, l'Algérie peut s'enorgueillir aussi de ne pas être confrontée à une pénurie de médicaments. Cet état de fait permet la mise en place d'un pôle d'excellence pharmaceutique algérien. Tout en souhaitant que cette couverture atteigne à la fin de l'année en cours le taux de 75%, le ministre de la Santé s'est réjoui du fait que l'Algérie ait commencé, bien que «timidement», les exportations de ses produits pharmaceutiques, ce, afin de réduire un tant soit peu, la facture faramineuse d'importation de médicaments. Concernant le plan de lutte contre le cancer, le ministre a fait savoir que cette question constitue une priorité pour le gouvernement, et ce, en application des instructions du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. Il a été décidé ainsi de mettre fin à la pénurie de médicaments concernant le traitement du cancer, de finaliser les infrastructures de base y afférentes et de mettre en service des centres anticancer qui étaient jusque-là à l'arrêt. Vient s'y ajouter, l'introduction de nouveaux accélérateurs et des scanners au niveau de nombreuses wilayas d'ici à la fin de l'année en cours. Ce qui permettra l'amélioration de la qualité de la prise en charge et la réduction des dépenses dans cette thérapie.