Ne ratez pas la projection de ce beau film, le 23 juin à l'Institut français d'Alger et d'ailleurs ce sera en présence de son réalisateur. C'est fort du succès obtenu en France, qu'a été projeté le nouveau film et premier long métrage de Farid Bentoumi samedi dernier, au théâtre de Verdure d'Alger, dans le cadre de la manifestation qu'organise Art et Culture avec MD Ciné, «Cinéma sous les étoiles». Un film touchant et amusant qui vous embarque dans une histoire qui est loin d'être glaciale. D'après une histoire vraie, celle du frère du réalisateur himself Noureddine Bentoumi qu'on voit à la fin du film, Good luck Algeria nous parle d'une entreprise de ski qui a du mal à suivre, il faut donc trouver une solution pour ne pas licencier. Une histoire du retour vers les origines, la double nationalité, celle de Sami Bentoumi alias Sami Baouajila, qui incarne ce frère skieur de fond qui s'entraîne pour prendre part aux Jeux olympiques avec ses propres ski. Marié dans le film à Chiara Mastroianni, enceinte de quatre mois, Samir a un père attachant qui n'est pas du tout acteur en vrai. En gros, Sam et Stéphane, les deux amis d'enfance, conçoivent avec passion des skis haut de gamme. Soumise à une rude concurrence, leur entreprise est en péril. Pour la sauver, ils se lancent donc dans un pari fou: qualifier Sam aux Jeux olympiques d'hiver sous la bannière du pays d'origine de son père, l'Algérie. Au-delà de l'exploit sportif, ce défi improbable va pousser Sam à renouer avec ses racines. Ainsi derrière le tableau incongru qu'aborde ce film, celui d'un Français d'origine algérienne qui fait du ski, Farid Bentoumi aborde avec pertinence et une intelligence assumée le statut de ce Français à l'aise avec sa situation «naturelle» de français qui ne parle pas arabe, et qui le vit très bien. Le film gagne en sensibilité car il est loin d'inculquer un brin victimaire au personnage comme c'est le cas souvent, inverse les tendances, déjà au cinéma, puis dans l'appropriation des rôles, nous fait passer un très fort moment de tendresse, et redonne légitimité à ce drapeau sans démagogie, où la volonté politique de coller à tout prix à la politique qui a fait rage en France ces derniers mois avec le débat sur la double nationalité. Ici celle-ci est super bien vécue mais est battue en brèche par le tiraillement intérieur identitaire que peut ressentir le père envers son fils, y compris par ce dernier face à sa famille au bled, sans que ce soit en fait pour autant un drame conjoncturel alarmiste. La force de ce film réside dans la simplicité dans laquelle se noue le tragique au sein de cette comédie qui parvient à nous faire passer des instants graves avec humour et légèreté. Sami Bouajila confirme son Prix d'interprétation cannois, même s'il n'en avait pas besoin, en raison de son talent d'immense acteur en crevant l'écran. Il en est de même pour celui qui joue le rôle de son ami, Franck Gastambide. Un casting de choix pour ce film de Farid Bentoumi qui avec Good luck Algeria signe un film fort, émouvant à la fois humaniste et bien moderne sur la société contemporaine française, laissant loin derrière les animosités ou les aspects de racisme qui minent les communautés en France, qui souvent se trouvent mis à l'index. Il n' y a rien de cela dans ce film, qui pour une fois aborde la question de l'identité avec drôlerie doublée d'un trop-plein de sérénité qui se déploie tout au long du film, voire d'un sentiment d'apaisement envers ses origines. Comme le ressentent effectivement beaucoup de Français d'origine maghrébine en France qui font avec cette double nationalité plutôt un avantage qu'un déni de moral. Et c'est ce que l'on retient de ce film, qui ne cherche pas à juger, malgré les quelques clichés qui font sourire ici et là mais auxquels on y échappe difficilement. Ne ratez pas en tout cas Good Luck Algeria le 23 juin à l'Institut français d'Alger. Il sera projeté qui plus est, en présence de son réalisateur.