Plus de 120 chefs d'entreprise français se sont rencontrés hier, à l'hôtel Sofitel avec leurs homologues algériens pour débattre des opportunités de partenariat entre les deux pays. Sous la houlette du Medef (France), et du forum des chefs d'entreprises (Algérie) les débats ont tourné essentiellement autour du futur partenariat algéro-francais, mais surtout des voies et moyens susceptibles de concrétiser cet objectif. A ce sujet, le président du comité algérien de Medef International, M. Yves Thibault de Silguy, a été très clair. Pour lui, et parlant au nom des chefs d'entreprises français, «le partenariat ne se décrète pas, il faut d'abord créer les conditions nécessaires pour en arriver là». Il s'avère ainsi que les chefs d'entreprise français qui ont affiché certes une ferme volonté d'aller vers le renforcement de la coopération, exigent un certain nombre de garanties liées principalement au système financier algérien et au problème du foncier qui posent, d'après eux, problème. Interpellé, Abdelatif Benchenhou, ministre des Finances, invité pour éclairer l'assistance sur les réformes économiques en Algérie, a déclaré clairement que l'Algérie actuellement est «solvable» et a appelé solennellement les entreprises françaises à s'impliquer davantage. «Il est temps de meubler la maison construite par Bouteflika et Jacques Chirac», a-t-il martelé devant un parterre d'hommes d'affaires et d'industriels français. D'après lui, les réformes sont engagées et l'ouverture économique s'intensifie en Algérie en signalant au passage que les «partisans du statu-quo sont nombreux». Selon lui, les réformes engagées par l'Algérie dérangent des cercles qui ne veulent pas de transparence dans la vie économique. Le ministre affirmera même que ses services venaient de mettre hors d'état de nuire un escroc qui sévissait sur le marché algérien. Il n'en dira pas plus sur cela, sauf que l'homme d'affaires en question a moins de 40 ans. En reconnaissant franchement que l'Algérie a pris un énorme retard en matière de privatisation, le ministre a annoncé devant les Français que même le marché du tabac sera ouvert aux étrangers. La déclaration bien évidemment sonnait comme une proposition sachant que même les se sont mises à fumer en Algérie, ce qui représente tout de même un marché très juteux. Bref, M.Benachenhou, comme à l'accoutumée, a voulu être très pragmatique vis-à-vis des chefs d'entreprise français pour dire que certes, tout n'est pas parfait dans notre pays, mais les réformes engagées sont inéluctables. C'est le cas du problème du foncier. M.Abdelatif Benachenhou a indiqué qu'il n'existe pas de pénurie de foncier industriel en Algérie, par contre, martèlera-t-il, il y a une répartition inacceptable de ce foncier. Le grand argentier du pays annoncera que toutes les entreprises publiques qui détiennent des terrains excédentaires, doivent les restituer aux autorités et aux domaines. Cette mesure, qui devrait toucher également le privé, fait partie des mesures pour constituer un stock de foncier industriel que devraient, le cas échant, exploiter les entreprises étrangères qui veulent s'installer en Algérie ou qui veulent entrer en partenariat avec les sociétés algériennes. A l'adresse des Français, le ministre dira sans ambages que le marché intérieur algérien est totalement à conquérir, pour peu qu'il y ait un engagement plus fort de la part des chefs d'entreprise français. Le ministre des Finances a-t-il réussi à convaincre la délégation du Medef à investir directement en Algérie? Si pour l'heure les Français ont affiché clairement la volonté de travailler avec les Algériens, il n'en demeure pas moins qu'ils sont très exigeants et veulent, semble-t-il, le maximum de garanties. De son côté, le président du forum des chefs d'entreprise algériens, M.Omar Ramdane, s'est interrogé sur le peu d'empressement des entreprises françaises à s'engager sur le marché algérien. Plus d'investissements et d'expertises ainsi que beaucoup d'engagement de la part des Français, voilà en clair ce que veulent les Algériens pour construire un partenariat durable.